La Commission européenne a publié la liste des «quotas» d´immigrés interceptés en Méditerranée qui revient à chacun des pays de l´espace Schengen. Ainsi, 9,1% des 600 000 réfugiés qui se trouvent depuis 2014 en Italie en attente d´être pris en charge seront affectés dans des centres d´hébergement en Espagne durant toute la période que nécessite l´examen de leurs dossiers de demandeurs d´asile. Ils seront donc 60 000 réfugiés de plus à venir grossir le nombre des 5,5 millions recensés dans le pays par les autorités espagnoles en 2011. Les calculs des «quotas» effectués par la Commission européenne retiennent un certain nombre de critères de sélection des pays d´accueil pour son taux de PIB, du chômage, du nombre de sa population et celui des réfugiés déjà accueillis sur son territoire. Sur la base de ces critères sociaux, le Portugal ne recevra que 3,89% de ces réfugiés et la Pologne 5,64%. Des pays traditionnellement connus pour leur tradition d´accueil comme la France, le Royaume-Uni, l´Allemagne et la Suède ne devraient pas recevoir plus de réfugiés que ce qu´ils accueillent annuellement. Il s´agit de savoir ce que sera la réaction des milliers d´étrangers concernés par cette liste de «quotas par pays» qui préfèrent s´établir en Europe occidentale plutôt que dans les pays de l´Est où il n´existe pas les mêmes possibilités de se faire un place. Les critères de sélection Le gouvernement espagnol a donné son feu vert à Bruxelles, mais du bout des lèvres. Déjà confronté régulièrement aux pressions migratoires sur Ceuta et Melilla depuis la côte maghrébine ou l´Afrique de l´Ouest, il se voit obligé de prendre en charge une partie de l´immigration qui vient d´Orient et d´Asie. Tout comme l´Allemagne dont Bruxelles pouvait craindre le veto à sa proposition, l´Espagne a dit oui et justifié son choix forcé par cette déclaration de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo a estimé que son pays «ne pouvait pas refuser» cette politique d´immigration commune que l´Espagne a d´ailleurs toujours réclamée. Il a toutefois rappelé ce déséquilibre dans le partage du fardeau. «L´Espagne supporte déjà un poids beaucoup plus lourd que celui d´autres pays» en matière d´accueil des immigrés, fait-il observer. Cet avis n´est pas partagé par tous les experts à Bruxelles qui classent, au contraire, l´Espagne «parmi les pays qui accueillent le moins de réfugiés». Ils soulignent à l´appui de leur constat que «sur les 5000 demandes d´asile enregistrées chaque année, seulement 10% ont été acceptées par l´administration espagnole», alors que paradoxalement, l´Espagne est le pays qui avait enregistré, ces dernières années, les plus importants flux migratoires, notamment dans les présides de Ceuta et Melilla. De leur point de vue, subir les flux migratoires est une chose, les régulariser en est une autre. Les arrivants dans les deux villes sont en effet pour la plupart expulsés sur le champ vers le territoire marocain d´où ils sont venus, avec la collaboration du Maroc. Aux îles Canaries, ce fut pareil depuis 2006 quand les dizaines de milliers de Subsahariens ont été expulsés par charters vers leurs pays d´origine, notamment au Sénégal. Il est vrai, cependant, que la population immigrée est très importante en Espagne où son nombre est passé de 600 000 en 1998, soit 1,3% de la population totale au pays, à 5,5 millions en 2011 (soit 12% des habitants).