Créée en 1996, l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes fait aujourd'hui un bilan positif. Cette expérience «unique en son genre» a permis la mise en place d'un tissu de près de 100 000 micro-entreprises, plus exactement 95 884 selon les chiffres établis au 31 décembre 2008. La directrice générale, Fatma Seddaoui Charef, considère le travail accompli à ce jour comme une première étape. L'Ansej devra étendre ses services à toutes les wilayas du pays et parvenir à créer 30 000 entreprises par an. Dans un entretien accordé à notre quotidien, Mme Seddaoui est revenue longuement et en détail sur l'évolution de l'Ansej. «Les résultats ne seront connus qu'à long terme. Aujourd'hui, nous sommes en train de construire une véritable culture entrepreneuriale chez les jeunes», nous déclare-t-elle d'emblée. Après une naissance dans la conjoncture très difficile des années 90, où le chômage chez la frange juvénile approchait les 40%, l'Agence de soutien à l'emploi parvient à attirer un nombre de plus en plus important de personnes voulant créer leur propre activité. Dans certaines annexes, l'on reçoit quotidiennement des centaines de jeunes à l'affût d'informations et d'opportunités. «Les années 90 étaient très dures. Près de 60% des entreprises créées investissaient dans le transport. Pourtant, dans les statuts de l'Agence, tous les secteurs sont concernés», tient à rappeler la directrice générale au sujet de la vocation de cette institution publique. Pour instaurer une véritable culture de création d'activités, l'Ansej a dû revoir son fonctionnement interne en favorisant la décentralisation et l'accompagnement des jeunes promoteurs, le métier de base de cette structure, comme aime bien le souligner la première responsable. Les décisions d'éligibilité octroyées autrefois par la DG d'Alger pour des projets présentés par des antennes de Tamanrasset sont désormais du ressort de la commission locale réunissant des représentants des banques, de l'exécutif, des chambres professionnelles et des responsables de l'Agence. Dans l'objectif de réduire les délais de création d'entreprises, l'Ansej a dû signer des accords avec les banques publiques et améliorer le système d'accompagnement par des formations accélérées et ciblées en Algérie et même à l'étranger. Les révisions des niveaux d'aide et de soutien financier opérées en 2004 ont conforté à plus d'un titre le dispositif, en sus de la création d'un fonds de garantie pour rassurer les banques impliquées dans le processus. Les prêts non rémunérés octroyés par l'Agence ont atteint en 2008 le chiffre de 30,661 millions de dinars. Les pouvoirs publics n'ont pas lésiné sur les moyens financiers. Si en 2008 le budget affecté au fonds de soutien à la création d'emploi de jeunes a été de près de 9 milliards de dinars, dont 3 milliards proviennent de recouvrement des prêts accordés aux promoteurs, en 2009 l'Etat a débloqué une dotation de 22 milliards de dinars dans l'objectif de créer annuellement 30 000 entreprises de jeunes. Ces chiffres illustrent pour la directrice générale la volonté des autorités publiques de soutenir le dispositif Ansej, un instrument qui fait partie désormais de la politique nationale de lutte contre le chômage et du développement de l'entrepreneuriat.
Des wilayas qui émergent L'ancrage du dispositif Ansej à l'intérieur du pays est plus qu'une réalité, selon Mme Seddaoui Charef. Les wilayas de Sétif, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sidi Bel Abbès, Oran, Tlemcen et Constantine comptent de véritables pépinières d'entreprises dynamiques et pérennes qui demeurent l'exemple type de la réussite des jeunes Algériens. Dans ces régions, les jeunes connaissent parfaitement le système et appréhendent toutes les situations d'échec. «Nous envisageons d'élargir nos services et comptons ouvrir de nouvelles annexes pour atteindre nos objectifs, surtout dans des régions rurales.» Des régions où il est évidemment difficile de trouver un emploi salarié. «Nous avons soutenu beaucoup de projets de jeunes médecins et universitaires. Certains n'arrivent pas à répondre à la demande. Ils sont submergés. C'est vous dire qu'on peut faire des prouesses, mais à condition d'abord d'avoir l'esprit et la culture entrepreneuriale. Notre objectif n'est pas l'assistanat des jeunes, au risque de compromettre toute la politique mise en œuvre depuis de longues années», a tenu à souligner la directrice générale de l'Ansej. Aujourd'hui, cette agence travaille sur le concept de la «qualité» et de présentation «d'études technico-économiques» fiables. «Nous essayons de créer des relations de partenariat avec certains secteurs pour que nos jeunes puissent aller directement vers des créneaux porteurs», nous fait savoir Mme Seddaoui Charef. Parmi les filières encore vierges, notre interlocutrice cite les branches du bâtiment, de la santé, de l'agriculture et des technologies d'information, car l'heure est à la diversification de la nomenclature des branches et filières rentables et profitables au pays. En mettant en place cette politique de développement, les responsables de l'Agence ont pu ramener le délai de création d'entreprise de 23 à 6 mois, avant d'atteindre les 30 jours (pour l'octroi du prêt non rémunéré). Les banques, suivant les dispositions d'un accord-cadre de partenariat, ont un délai maximum de 2 mois pour répondre à la demande de crédit. La réduction de ces délais va permettre d'accélérer la cadence de création d'entreprises pour les prochaines années. «Nous sommes sur le point de finaliser le bilan de 2008. Nous sommes certains que le nombre d'entreprises créées dépassera celui enregistré durant les dix dernières années», nous déclare M. Bouzar, un cadre de l'Ansej. Afin de vulgariser le dispositif, l'Ansej a élaboré une politique de communication privilégiant le contact direct avec le potentiel de chefs d'entreprises, parmi lesquels figurent les universitaires, les stagiaires des instituts de la formation professionnelle et des diplômés des grandes écoles. Cette année, l'Algérie aura sa première promotion de licenciés en entrepreneuriat issus de l'université de Constantine.