Les rebelles tchadiens, concentrés à la frontière soudanaise après leur offensive de la semaine dernière, semblaient se replier hier vers leurs bases arrière au Soudan, mais la menace d'une nouvelle attaque demeure, malgré le revers infligé par l'armée gouvernementale. «Ils sont repartis vers le Soudan. Ils ne peuvent plus rester sur place pour se regrouper. Nous avons détruit l'essentiel de leur structure», s'est félicitée une source officielle tchadienne à N'Djamena. De sources militaires concordantes, des forces rebelles «semblent se concentrer dans le sud-est, à la frontière soudanaise», laissant présager une retraite vers leurs bases arrière au Darfour, dans l'ouest du Soudan. Toutefois, un observateur étranger en poste au Tchad et au fait de la situation sur le terrain estime qu'on «ne peut pas totalement écarter une nouvelle attaque rebelle». «Ce n'est pas impossible» que les rebelles repassent à l'offensive, dit-il sous le couvert de l'anonymat. «Il reste un potentiel rebelle. C'est arithmétique», affirme encore cette source au sujet du bilan de 226 rebelles tués et 212 faits prisonniers avancé par les autorités tchadiennes. «Si on compare ces chiffres aux milliers de rebelles annoncés, il en reste. C'est pareil pour les véhicules.» Les autorités font état de la destruction ou la capture d'une centaine de véhicules rebelles, alors que N'Djamena estimait que les opposants armés étaient entrés le 4 mai au Tchad en provenance du Soudan avec 300 à 400 pick-up. Les rebelles affirmaient en disposer du double. Chaque pick-up peut transporter jusqu'à dix ou quinze hommes, ainsi que des armes, des munitions et des fûts d'essence. «Il reste forcément des forces (rebelles) quelque part», conclut l'observateur. Jointe hier, une source de l'Union des forces de résistance (UFR), la coalition des principales factions rebelles, a assuré : «Nous n'avons pas renoncé. Ce n'est pas fini.» «Il n'y a pas d'affrontements. La situation est calme», a précisé cette source. Sur le plan diplomatique, après la menace tchadienne de rupture des relations avec Khartoum, accusé de parrainer les rebelles, le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein, a riposté en avertissant que son armée était «prête à repousser toute agression sur le territoire soudanais». Il faisait référence à des combats au Soudan entre groupes du Darfour, mais aussi vraisemblablement à une éventuelle volonté de l'armée tchadienne de poursuivre les rebelles en territoire soudanais. Le président tchadien Idriss Deby Itno avait déjà usé en 2007 de ce qu'il estime être un «droit de poursuite». Mais selon des observateurs en poste à N'Djamena, il semble peu probable qu'il lance cette fois ses troupes au Darfour. «Il n'y a pas intérêt diplomatiquement. Il a obtenu une condamnation internationale unanime de l'attaque rebelle. Une incursion au Soudan lui ferait perdre sa position de force», estime un observateur. Vendredi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné «les nouvelles incursions militaires dans l'est du Tchad par des groupes armés tchadiens, venus de l'extérieur», en référence au Soudan que certains Etats membres n'ont pas souhaité nommer explicitement.