«L'Algérie face à la crise financière», «Où va l'industrie financière face à la crise actuelle ?» «La finance islamique» et «Quels sont les effets de la crise économique sur les pays en développement ?» ont été les principaux points abordés hier par les participants au 5e forum international de la finance dont les travaux se déroulent à l'hôtel El Aurassi, sous le haut patronage du président de la République. Ni le ministre des Finances, Karim Djoudi ni le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'étaient présents à l'inauguration. Le premier argentier du pays a été représenté par le directeur général du Trésor public, Hadj Baba Ammi, qui a rappelé les grandes orientations en matière de gestion des finances publiques et de modernisation de l'économie algérienne. Devant une assistance composée entre autres des responsables de banques et de compagnies d'assurance installées en Algérie, le représentant du ministre des Finances a étalé des chiffres sur l'évolution de l'économie algérienne, notamment en matière de recettes fiscales, de PIB et de taux de croissance et d'inflation : «L'année 2009 sera pour l'Algérie une période d'observation. Il y a une forte sollicitation des finances de l'Etat, ce qui va accroître le déficit du Trésor public. Sur la base d'un baril de 37 dollars, nous pouvons pallier ce déficit grâce au Fonds de régulation des recettes pétrolières», a tenu à déclarer le DG du Trésor dans ce contexte de crise mondiale qui a ébranlé les sphères financières internationales. S'agissant de l'inflation, M. Baba Ammi a avancé le chiffre de 3,7% attendu pour 2009, tandis que le taux de croissance hors hydrocarbures serait de 6,6% pour cette année. Pour le représentant du ministre des Finances, le défi pour l'économie algérienne durant l'année 2009 demeure la «gestion de l'impact de la baisse des prix des hydrocarbures.»Les mesures fiscales introduites durant l'année 2008 et 2009 ainsi que le dynamisme de l'activité économique ont permis à l'Etat d'améliorer ses recettes fiscales ordinaires de 30% durant le premier trimestre 2009. A moyen terme, il y a nécessité, selon lui, de diversifier l'économie algérienne à travers la modernisation de l'agriculture, de la réduction du taux de chômage (11,3%) et d'améliorer l'attractivité de l'économie et son efficacité. «L'Algérie se prépare à lancer un programme de développement de 2010 à 2014», soutient par ailleurs l'intervenant. Création d'un institut des finances Présent à cette rencontre, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani a plaidé pour la création d'un institut de formation dans le domaine des finances. L'Algérie, qui dispose d'une seule école de formation dans les métiers bancaires ne dispose pas de ressources humaines compétentes dans les branches d'assurance notamment. Les cadres du secteur sont généralement formés en Tunisie dans un établissement maghrébin. Une carence qui mérite d'être relevée, selon l'ex- ministre de la PME. L'intervention du président de FCE a été suivie respectivement par celles du délégué général de l'ABEF (Association des Banques et des Etablissements financiers), Abderrahmane Benkhelfa et du président de l'ABEF, Djamel Bessa, actuellement P-DG de la Cnep Banque. Ces deux responsables ont mis en relief l'évolution du secteur bancaire algérien et les différents projets lancés pour moderniser la place financière d'Alger. L'intervention de Mme Michelle Spoerri, ex-ministre de l'Intérieur du canton de Genève a été remarquable. Native d'Alger, à Saint Eugène, d'une mère française et d'un père suisse, Mme Spoerri considère que l'Algérie est un pays «immense, 66 fois la superficie de la Suisse». Profitant de cette tribune du forum des finances, elle a lancé un appel aux autorités algériennes pour la signature d'un accord de libre-échange avec la Suisse, à l'instar des autres pays maghrébins. «Les négociations ont débuté en 2005. Il me faut cet accord pour développer les échanges et les investissements. Les exportations de la Suisse vers l'Algérie ont augmenté de 31% en 2008», a-t-elle souligné. S'appuyant sur une étude de la Banque mondiale, l'invitée du Forum a relevé que l'Algérie devra encore faire des efforts pour améliorer les conditions de création des entreprises et le climat des investissements. Dans la première journée de cette rencontre, plusieurs communications ont été présentées sur des thèmes divers. L'on retient particulièrement celle du représentant de la Banque islamique d'Abu Dhabi sur l'évolution des finances islamiques dans le monde, qui est considérée, selon lui, une «référence». Au total, ce sont sept ateliers qui ont été installés pour adopter des recommandations et des réflexions sur le monde de la finance.