La grave crise que traverse actuellement l'Union européenne, constitue une aubaine pour l'Algérie dans sa renégociation de ses échanges commerciaux avec cet espace économique». C'est ce qu'a indiqué, hier M. Brahim Gacem, expert financier international de Business Management, université de Genève, invité du Forum d' El Moudjahid. L'Algérie serait mieux comprise maintenant, au sujet de ses revendications de protection de certains secteurs de son économie», a estimé M. Brahim Gacem, ajoutant qu'au vue de la crise, souvent les premières réactions des pays Occidentaux sont celles de créer des barrières aux échanges, pour se protéger. En outre, a-t-il poursuivi, l'Algérie dispose «d'un matelas en devises qu'elle peut toujours faire miroiter pour faire passer ses propositions», contrairement à d'autres pays ‘'qui ne peuvent rien offrir à la partie européenne, actuellement en manque de ressources financières'' avec d'importantes dettes souveraines. Rappelant les effets de la crise économique sur notre pays, M. Brahim Gacem a indiqué qu'en 2008, la crise a touché l'Algérie à travers les des prix du pétrole, qui ont baissé fortement, passant de 148 dollars le baril en juin 2008, à 49 dollars six mois après. Par ailleurs l'euro est monté par rapport au dollar, ce qui a engendré l'augmentation des coûts des importations algériennes. Aujourd'hui, au contraire le prix du pétrole est remonté, à 80 dollars le baril. L'Euro a perdu 20% de sa valeur face aux dollars, durant les six derniers mois. Le coût des importations de l'Algérie a baissé aussi de 20%. S'exprimant sur la tourmente financière de la Grèce, cet expert financier a considéré que cette crise a, certes, fragilisé l'UE mais ses impacts ne sont pas tous négatifs sur ce continent, puisque la baisse de l'euro devrait aider à booster les exportations des pays européens. M. Gacem indique que, certes, le recul de la monnaie européenne devrait profiter à l'Algérie puisqu'il devrait se traduire par une baisse de la facture des importations payées en euros. Mais, a-t-il averti, si la crise perdure, il y a un risque de ralentissement de la croissance économique mondiale, et donc un ralentissement des exportations du pétrole, en raison de la contraction de la demande. M. Brahim Gacem, juge légitimes les meures prises par les Gouvernements pour réduire les importations. Les recettes pétrolières, qui ont connu une baisse en raison de la chute des prix de brut, ne peuvent continuer à financer l'importation de certains biens « qui n'apportent aucune valeur ajoutée à l'économie nationale, comme l'importation de voitures ». «Qu'est ce qu'a apporté l'importation de la voiture comme création d'emplois. Rien du tout, c'est très marginale » a-t-il argumenté. Concernant le système bancaire, M. Gacem, estime qu'il est en phase de consolidation. Les banques algériennes sont frileuses quand on parle de libéralisation de ce secteur, en raison des expériences fâcheuses de certaines Banques privées. Cependant M. Gacem souligne que c'est un secteur à haute valeur ajoutée, qui ne peut pas être développé, si les compétences ne sont pas présentes. «Il faut former les gens» a-t-il suggéré. M. Gacem a par ailleurs annoncé la tenue de la sixième Edition du Forum international de la finance (FIF), les 8 et 9 juin à l'hôtel El Aurassi à Alger. Evénement annuel unique dédié à la finance, ce rendez-vous intervient dans un contexte international marqué par deux années de crise financière systémique généralisée, avec pour conséquence une récession économique mondiale. Dans ce contexte mondial de crise, qui sera au cœur du débat, les Banques, les Sociétés d'assurance, les Organismes financiers spécialisés et les acteurs économiques majeurs ont un rôle moteur de premier ordre, dans l'accompagnement efficient à différents niveaux des programmes d'investissements et de financement de l'économie dans son ensemble. Quelle stratégie et quelles approches pour la gestion du patrimoine public, dans un contexte de contraction et raréfaction des ressources financières prévisibles ? Quelles approches et quelle politique de placement et de rentabilisation des avoirs financiers de l'Algérie, feront l'objet d'analyses pertinentes. Les stratégies de financements optimisés des mégaprojets d'investissement, le rôle et les responsabilités de l'industrie des assurances dans la couverture de ces projets, notamment dans les secteurs énergétique, du traitement de l'eau, des transports et des infrastructures vecteurs, porteurs du programme de développement sur les prochaines années en Algérie : les nouveaux produits, tels que la finance islamique et son développement international seront à l'ordre du jour de cette rencontre. Les nouveaux produits d'assurance et les nouveaux produits bancaires, dont l'existence demeure embryonnaire en Algérie, et dont le rôle en tant que pourvoyeur de crédits adaptés aux besoins spécifiques de segments d'activité névralgiques (PME/PMI) et moteurs de la croissance, tels que le leasing, le capital investissement seront analysés au sein d'ateliers spécifiques. Ces sujets sensibles seront au cœur du débat avec une analyse de l'expérience internationale dans le domaine.