Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a plaidé hier à Genève pour l'élimination complète des armes nucléaires, réitérant l'appel au lancement des négociations dans le cadre d'un programme échelonné et selon un calendrier précis débouchant sur une convention opposable à tous. «Je voudrais réitérer l'appel lancé par la conférence ministérielle du Mouvement des pays non alignés, tenue en mai dernier à Alger, en vue du lancement des négociations pour l'élimination complète des armes nucléaires», a indiqué Lamamra dans une allocution au segment de haut niveau de la conférence du désarmement. Il a exhorté les Etats dotés de l'arme nucléaire «d'agir conformément à la responsabilité particulière qui est la leur pour donner un effet concret aux dispositions de l'article VI du TNP relatif au désarmement nucléaire et conformément aux engagements souverainement pris, en particulier celui de procéder à l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires». «Ce n'est qu'en prenant de telles mesures et en abandonnant les doctrines de destruction mutuelle que les puissances nucléaires pourraient nous démontrer leur volonté réelle de jeter les bases d'une sécurité partagée et d'un monde débarrassé de l'hypothèque d'une autodestruction assurée», a-t-il ajouté. Pour Lamamra, dans un tel contexte, la conclusion d'un traité sur l'interdiction de la production des matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires «aurait tout son sens, tout comme serait alors possible une prise en charge appropriée de la question des stocks de matières fissiles». Le chef de la diplomatie algérienne a relevé que le traité sur I'interdiction complète des essais nucléaires «avance très lentement vers l'universalité», estimant que l'entrée en vigueur de cet instrument serait «une contribution certaine au désarmement et à la non-prolifération nucléaires». «L'Algérie lance un appel pressant pour que ce traité soit ratifié par les Etats qui ne l'ont pas encore fait», a-t-il affirmé. Pour l'Algérie, a-t-il dit, «une avancée significative en matière de garanties négatives de sécurité, à travers la conclusion d'un instrument international juridiquement contraignant, demeure impérative pour mettre à l'abri les Etats non dotés de l'arme nucléaire contre l'emploi ou la menace d'emploi de ces armes». «Une autre préoccupation nous vient de l'espace extra-atmosphérique qui revêt un enjeu particulier pour la sécurité internationale», a-t-il indiqué, ajoutant qu'«il est de notre intérêt à tous d'assurer les conditions nécessaires pour une utilisation pacifique de cet espace». Rappelant la «pertinence» et la «validité» du Traité de 1967 sur l'espace extra-atmosphérique, il a estimé que le projet de traité proposé par la Chine et la Russie sur l'interdiction de la pose d'armes dans l'espace, ainsi que le code de conduite sur les activités dans l'espace proposé par l'Union européenne, «constituent des pistes susceptibles de nous permettre de progresser avantageusement sur cette question». L'Algérie adhère à tous les instruments de désarmement Lamamra a réaffirmé l'engagement de l'Algérie «à participer à toute initiative qui viserait à asseoir les bases solides et durables de notre aspiration commune à la paix, à la sécurité et à la stabilité». Il a appelé ainsi à une coopération au service d'«une sécurité collective, fondée sur les principes de la Charte des Nations unies». Le ministre a indiqué que l'Algérie, qui s'est attelée «à adhérer» à tous les instruments de désarmement et de non-prolifération d'armes de destruction massive, est également «‘partie' à la quasi-totalité des instruments liés aux armes conventionnelles et aux droits humains et humanitaires». Il a annoncé à cette occasion que le pays «vient de ratifier la convention sur certaines armes conventionnelles» et «souscrit également à toutes les initiatives multilatérales de lutte contre le terrorisme et participe activement au processus visant à assurer la promotion des mesures de sûreté et de sécurité nucléaires». Lamamra a affirmé que l'Algérie participe «concrètement à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits», indiquant qu'«elle mène avec succès, en tant que chef de file d'une équipe internationale, une médiation entre le gouvernement malien et les mouvements politico-militaires du Nord du Mali pour promouvoir une solution pacifique qui servirait autant les intérêts nationaux de ce pays que ceux de toute la région du Sahel». «L'adoption d'une feuille de route et la signature d'une déclaration pour renforcer la confiance et consolider le cessez-le-feu sur le terrain ont permis de parvenir à l'accord cadre de paix et de réconciliation nationale qui a été paraphé le 1er mars à Alger», a-t-il rappelé.