Dans cette localité de la commune de Tacheta, sise en plein cœur du Dahra, la population d'origine berbère qui parle le chenoui, dialecte berbère usité dans toute la région littorale s'étendant de Tipaza à Ténès, a réussi à faire un mixage entre la civilisation arabo-musulmane et la culture amazighe. Les fiançailles sont célébrées d'une manière propre à cette région. Les Ouazène, formant la plus grande famille qui s'est étalée jusqu'à la ville de Damous, dans la wilaya de Tipaza, sont les gardiens de la tradition. Ainsi, jeudi dernier, à l'occasion des fiançailles de leur fille cadette, nous avons relevé que les parents des futurs mariés sont reçus dans des chambres à part au niveau du domicile de la famille de la fiancée. Après le déjeuner où le couscous est obligatoire, les hommes des deux familles se rassemblent dans un grand salon pour écouter le mufti louant les bienfaits du mariage selon la sunna. Les tuteurs des futurs mariés, après avoir conclu un accord devant les témoins, s'entendent sur le montant de la dot. Le tuteur de la fille fixe un montant que le père du jeune à marier accepte d'honorer. «On ne doit pas marchander», leur avait signalé le mufti. Une fois la Fatiha lue par l'ensemble des présents, des youyous fusent de l'intérieur de maison. Les femmes, bien qu'invisibles, avaient suivi attentivement le déroulement de la procédure. Les hommes quittent les lieux, se dispersent, prennent congé de leur hôte et c'est au tour du fiancé d'entrer en scène. D'abord, il fait boire à son élue un verre de lait cru, goûter une cuillerée de miel pur et, enfin, il lui enfile une bague au doigt. La fiancée fera à son tour les mêmes gestes envers son futur mari, sous les youyous bien sûr. Commence alors le rituel des grands-mères, le henné pour toutes les jeunes filles, la distribution de confiseries aux enfants et la danse autour du nouveau couple. La fête se terminera en fin d'après-midi par la remise de cadeaux aux grands-mères, des coupons de tissu et des écharpes tout en leur demandant de bénir cette union.