Sur une idée de Belgacem Lamamri, facteur, plus connu sous le sobriquet de «Ammi Belgacem», une association d'aide aux SDF de la ville de Aïn Defla active, bien que l'agrément d'exercice ne lui ait pas été accordé par la wilaya, et ce, faute d'une adresse du local devant abriter cette association. Pour l'heure, Ammi Belgacem et quelques citoyens bénévoles accompagnent les SDF, souvent des aliénés mentaux, d'abord à la douche où ils les nettoient et les habillent de vêtements propres pour les conduire chez le coiffeur et, enfin, au restaurant. Yahia est un malade mental qui vit depuis des années près de la poste du chef-lieu de wilaya. Victime d'un accident de la circulation durant les années 1980, il avait perdu la raison. Depuis, il occupe la véranda de la poste de Aïn Defla ville. «Il est le seul SDF à ne pas mendier», témoigne El Hadj Nemroud. «Il n'est pas violent non plus», ajoute-t-il. A longueur de journée il fait les cents pas autour de la poste. «C'est le gardien des lieux», commente un autre citoyen. Miliani, c'est le nom d'un autre aliéné mental sans domicile fixe. Venu de Miliana après le suicide de son frère aîné, il se stabilisera dans un quartier à Aïn Defla où il a trouvé la sécurité et la quiétude. «Il n'est pas dérangé par les enfants qui l'aiment bien. Miliani joue un rôle important puisqu'il nettoie quotidiennement, la nuit surtout, toutes les artères de ce quartier. Pas un sachet, pas une pierre, pas une bouteille en plastique ni une quelconque immondice ne jonche les rues. Il fait un travail de titan, sans demander à être récompensé», disent de lui les riverains qui lui assurent la nourriture. Hamza, un jeune malade mental, est très aimé par les habitants du quartier Hadj Kaddour. Ces trois hommes ainsi deux femmes ont été pris en charge par l'équipe de Ammi Belgacem. «On ne les a pas reconnus», diront de nombreux citoyens qui ont constaté le changement physique des SDF, et tous disent approuver et soutenir la démarche de l'initiateur de ce projet. Le facteur affirme que Yahia l'attend tous les jeudis pour prendre une douche. Les bonnes intentions, les bonnes gens, ça existe pour peu qu'on leur donne les moyens.