L'entrée en fonction d'un nouveau gouvernement en Cisjordanie, vivement contesté par les islamistes du Hamas à Ghaza, semble consacrer la division entre les deux territoires palestiniens. Le cabinet dirigé par Salam Fayyad, reconduit après avoir présenté sa démission début mars, a prêté serment mardi devant le président Mahmoud Abbas, chef du parti Fatah. M. Fayyad a beau affirmer que sa nouvelle équipe laisserait la place à un cabinet d'union en cas d'un accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, il reste que la simple formation d'un nouveau gouvernement apparaît comme un aveu par M. Abbas de l'échec du dialogue qui bat de l'aile. Dès l'annonce du nouveau cabinet qui a son siège à Ramallah en Cisjordanie, le Hamas, qui dispose de sa propre administration à Ghaza, a annoncé qu'il ne le reconnaîtrait pas, accusant M. Abbas de «saboter délibérément le dialogue interpalestinien». Le Hamas, majoritaire au Parlement, fait aussi valoir que tout gouvernement qui n'obtient pas l'approbation de la Chambre est dénué de légitimité. «La mise en place d'un nouveau gouvernement va enraciner la division entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza», estime l'analyste Mahdi Abdel Hadi, directeur de la Palestinian Academic Society for the Study of International Affairs (Passia). «Cela va être perçu comme une provocation par les formations qui participent au dialogue interpalestinien. Les divergences sont trop importantes pour que ce cabinet puisse les régler et il pourrait bien au contraire les exacerber», ajoute-t-il. Pour le député indépendant Hassan Khreisheh, le nouveau gouvernement «n'offrira rien de plus au peuple palestinien puisque c'est la continuation du précédent cabinet Fayyad qui n'avait pas obtenu l'investiture du parlement». Il estime que MM. Abbas et Fayyad ont plié aux pressions de l'Occident, principal bailleur de fonds de l'Autorité palestinienne mais qui considère le Hamas comme un groupe terroriste et réclame qu'il reconnaisse Israël et les accords israélo-palestiniens passés et renonce à la violence avant de participer à un gouvernement d'union. M. Fayyad est considéré comme le chouchou des Américains, et la formation du cabinet est intervenue à quelques jours d'une première rencontre le 28 mai à Washington de M. Abbas avec le président Obama. Si la contestation du Hamas était attendue, la grogne d'une frange du Fatah est peut-être plus inquiétante pour M. Abbas. Le groupe parlementaire du Fatah, furieux de n'avoir pas été consulté sur la composition du cabinet, a décidé d'en retirer à la dernière minute deux de ses députés nommés ministres. «C'est évident que le Fatah traverse une crise. Ce n'est pas le principe même de la formation d'un nouveau cabinet qui en est à l'origine mais le fait que les institutions du parti n'ont pas été consultées», explique un député du Fatah, Mahmoud Al Alloul. Netanyahu pressé de toutes parts de geler la colonisation La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, ont pressé mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de geler la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Ils joignaient leur voix à celle du président américain Barack Obama, qui avait déclaré la veille, après avoir reçu M. Netanyahu à la Maison-Blanche, que «la colonisation doit cesser», et du vice-président Joe Biden, qui avait délivré le même message au début du mois. «J'ai invité M. Netanyahu plus tard dans la soirée et nous avons répété que c'est la position et la politique du gouvernement américain», a affirmé Mme Clinton, plus encline à épargner les critiques à Israël que M. Obama. «Les Palestiniens méritent un Etat viable» et qu'«il ne faut rien faire qui puisse menacer l'issue potentielle des efforts de paix, qui puisse empêcher cette solution à deux Etats d'émerger». Plus tôt au Capitole, l'influent sénateur du Massachusetts John Kerry avait réclamé à M. Netanyahu de respecter les engagements acceptés en 2003 par Israël dans la Feuille de route, le plan de paix international resté lettre morte.