La mort de l'Algérien Mustapha Ourrad tué lors de l'attaque terroriste perpétrée contre le journal Charlie Hebdo a mis en émoi la population de la commune de Beni Yenni, à 45 km au sud-est de Tizi Ouzou. A Aït Larbaa, village natal du défunt, tout le monde était sous le choc. Cette localité pleure un des siens. Mustapha Ourrad était correcteur au niveau de la rédaction de ce journal. Un hommage lui a été rendu sur la page officielle Facebook de la localité. Selon le cousin de Mustapha que nous avons pu rencontrer, Yahia Ourrad, Mustapha était orphelin de mère et de père depuis l'âge de six ans. «Il est né le 21 juin 1954 à Ath Yenni. Il a grandi chez ses oncles Youcef et Abdelkader. Il a quitté son village natal dans les années 1970 et a rejoint la capitale (Alger) pour continuer ses études de médecine. Il s'est rendu par la suite la France en 1978 pour ne plus revenir», a-t-il expliqué. Il faut savoir qu'avant ce drame, peu de gens savaient qu'il travaillait à charlie Hebdo, mais aujourd'hui, tout le monde est sous le choc. «Sincèrement, on ignorait qu'il travaillait à Charlie Hebdo. On a grandi ensemble mais nous avons perdu le contact depuis de longues années. C'est une grande perte non seulement pour Beni-Yenni, mais pour toute l'Algérie». Ourrad Yahia nous a indiqué que toute la famille Ourrad résidant en France est en train d'accentuer ses efforts pour que la dépouille de leur cousin soit rapatriée en Algérie.» Nous essayons de faire en sorte qu'il soit enterré auprès de ses parents ici à Beni-Yenni. Certes ,c'est difficile, d'autant qu'il a épousé une Française qui voudra peut-être qu'il soit inhumé en France, mais on fera de notre mieux», a-t-il insisté. De leur côté, les villageois que nous avons rencontrés sur place ont dénoncé ce genre d'attaque qu'ils qualifient de «barbare et d'odieuse». «Nous étions très émus après avoir su qu'il était parmi les victimes du carnage contre le journal Charlie Hebdo. Il faut savoir que Mustapha a rejoint la rédaction de Charlie Hebdo depuis quelques mois, après avoir longtemps travaillé pour Viva, le magazine des Fédérations mutuelles de France», a-t-il expliqué. Notre interlocuteur est revenu longuement sur le cursus scolaire du défunt. «C'était un élève brillant. Il a lu quasiment tous les livres d'André Gide, de Malraux et de Baudelaire d'où son surnom de ‘'Mustapha Baudelaire''. Il était aimable. Que Dieu ait son âme», témoigne-t-il. Avant d'ajouter : «Il a commencé son cursus primaire au Climat de France à Alger. Puis il a poursuivi ses études chez les Pères blancs ici à Beni-Yenni où il a obtenu son brevet d'enseignement moyen (BEM). Par la suite, il a poursuivi ses études secondaires à El Harrach où il a obtenu son baccalauréat. Il a entamé ses études en médecine pendant une année, avant de se rendre en France en 1977», a-t-il dit avec beaucoup de tristesse et de consternation. Le cousin de Mustapha a indiqué, par ailleurs, que le défunt était fan des chansons d'El Hasnaoui. Le défunt était père de deux enfants.