La population de Beni Yenni s'apprête à rendre un vibrant hommage à l'enfant d'Aït Larba, Mustapha Ourrad, le brillant correcteur tué le 7 janvier dernier au cours de la lâche fusillade terroriste qui a ciblé le journal satirique français, Charlie Hebdo. "Il n'est pas question de laisser Mustapha partir comme ça !", entend-on déjà dans tout Beni Yenni depuis l'annonce de la nouvelle de sa mort. Cette phrase n'a pas tardé à battre le rappel de l'ancestrale solidarité villageoise dans cette région où les habitants ont vite fait de se mobiliser pour rendre, ce week-end, un ultime hommage à Mustapha Baudelaire comme aimaient à le surnommer ses anciens amis au village Aït Larba qui l'a vu naître et grandir. Le comité organisateur, coiffé par des membres de la famille Ourrad, a prévu, en premier lieu, une veillée religieuse pour aujourd'hui dans la soirée. "Même si Mustapha sera enterré en France comme l'ont voulu ses enfants, il est de tradition chez nous qu'un enterrement soit accompagné par une veillée religieuse", nous a expliqué Djaffar Ourrad, un cousin de Mustapha. La journée de vendredi sera consacrée à un hommage à la mémoire de cette victime du terrorisme islamiste, nous a ajouté, pour sa part, Djamel Ourrad, un autre cousin de Mustapha, qui a lancé un appel à tout citoyen, personnalité ou responsable voulant prendre part à ce recueillement organisé à la mémoire de ce martyr de la liberté d'expression de se rendre à 10h au village Aït Larba, situé à quelques encablures du chef-lieu de Beni Yenni. Pour les membres de la famille de Mustapha Ourrad, ce recueillement, auquel nombreux de ses amis seront présents, sera à la fois une occasion d'apporter des témoignages sur ce qu'était Mustapha et aussi pour condamner l'acte barbare dont il a été victime aux côtés de 11 autres membres de la rédaction de Charlie Hebdo. "Cet hommage sera une occasion de rappeler que le terrorisme est l'ennemi du monde entier et le monde entier doit alors le combattre", a souligné Djamel Ourrad. Le recueillement de demain est le second après celui organisé mardi dernier à l'institut médico-légal de Paris en présence des membres de sa famille dont ses enfants et sa sœur. Mustapha Ourrad a, pour rappel, quitté le pays vers la fin des années 1970 pour s'établir définitivement en France où il a travaillé pour une maison d'édition puis pour le magazine Viva avant d'atterrir à Charlie Hebdo. Avant de quitter le pays, Mustapha avait vécu au village jusqu'à l'âge de 20 ans. Au village, ses anciens amis se souviennent de lui comme si cela datait d'hier. S.L.