Le sit-in prévu hier devant le siège de la daïra de la commune de Berriane (Ghardaïa) a été annulé. Et pour cause, les sages ont dit «non». La manifestation a été donc déprogrammée à la dernière minute, bien qu'une centaine de jeunes se soient rassemblés devant l'institution administrative de l'Etat. A cette action qui se voulait pacifique et légitime ayant pour but de «dénoncer les derniers évènements déplorables et appeler au retour au calme», les sages ont opposé leur veto. «On est allé parler à ces jeunes. Nous sommes conscients de leur bonne foi, mais nous en tant qu'hommes âgés, estimons qu'il n'est pas encore temps pour recourir à faire un sit-in ou une grève générale», nous a déclaré hier un sage de la région. Ne pouvant plus toléré ce regain de violence, les habitants de Berriane veulent que la sécurité revienne dans leur ville et appellent à l'apaisement. Les organisateurs du sit-in revendiquent l'application de la loi dans toute sa rigueur. «La loi doit s'appliquer à commencer par l'arrestation des auteurs de l'assassinat de deux citoyens lors des heurts vécus le jour de l'Aïd El Adha», avaient-ils souligné. A ce propos, le sages ont estimé qu'eux également sont affectés par l'assassinat de ces deux jeunes à la fleur de l'âge (19 et 21 ans), mais ont jugé nécessaire d'attendre «les résultats de l'enquête pour pouvoir réagir ensuite», précisant qu'«à partir de là et si la loi n'est pas appliquée, on pourrait mener de telles actions pacifiques pour dénoncer une passivité». Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Louh, et le DGSN, Abdelghani Hamel, dépêchés à Berriane suite à de violents heurts survenus le jour de l'Aïd El Adha, faisant deux morts et une centaine de biens saccagés et incendiés, avaient ordonné l'arrestation des meurtriers et l'ouverture d'une enquête pour déterminer les causes de ce double homicide. Les familles des deux victimes revendiquent, deux mois après, l'arrestation des criminels qui sont toujours en liberté. Concernant le rétablissement de la sécurité dans cette localité, les sages ont indiqué que les forces de l'ordre y veillent depuis le début des évènements. «Même si on note des dépassements de la part de certains éléments de forces de l'ordre, les services de sécurité font de leur mieux pour le retour au calme dans nos quartiers», ont-ils assuré. Les sages de cette région ont néanmoins souligné que «des dizaines de familles sont depuis des mois sans toit. L'Etat avait pourtant promis des aides financières aux victimes. L'hiver va accentuer leurs souffrances». De leur côté, les jeunes sont déçus par la décision des sages d'annuler cette action. «C'est nous qui sont victimes de cette violence. On voulait faire une action pacifique et envoyer un message aux autorités compétentes. Nous les jeunes voulons vivre dans la paix, la stabilité et la sécurité», ont-ils fait savoir. De violents affrontements avaient éclaté jeudi à Berriane, entre des jeunes devant le siège de la daïra, obligeant les forces de l'ordre à intervenir. Ces derniers avaient usé de bombes lacrymogènes dès le début des affrontements. Il a fallu faire appel à des renforts venus de Ghardaïa-ville pour rétablir la situation.