Quatre personnes ont été tuées et une quinzaine de policiers blessés lors de violents affrontements enregistrés dans les communes de Guerrara et Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. L'escalade de la violence enregistrée entre des jeunes des deux communautés malékite et ibadite dans la nuit de lundi à mardi a coûté la vie à 4 personnes. Une réunion de hauts responsables de sécurité et des élus locaux ainsi qu'avec les représentants des deux communautés belligérantes, présidée par le commandant de la IVe Région Cherif Abderrazak a eu lieu hier au siège de la wilaya. Les responsables du conseil malékite ont à cet effet refusé de se réunir avec les notables ibadites. Contacté, le secrétaire général du conseil malékite de Berriane, Brahim Hadj Tahar, a déclaré : «Nous refusons de nous réunir avec les notables ibadites. Nous sommes les victimes. On ne fera plus de concessions. A Berriane, nous avons perdu aujourd'hui encore deux jeunes», a-t-il déploré, précisant qu'il s'agit d'Akaka Belkhir (40 ans) et Fmamnia Tahar (35 ans), tués le matin dans le quartier Baba Saâd. Le secrétaire général du conseil malékite a indiqué que depuis le début du Ramadhan, quatre victimes ont été assassinées par des armes à feu à Berriane. «C'est à du terrorisme qu'on fait face. L'Etat ainsi que les autorités compétentes sont face à leurs responsabilités», a-t-il souligné. M. Hadj Tahar a expliqué que les affrontements ont repris de plus belle juste après la visite du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bedoui. Au lendemain de l'installation de la commission interministérielle chargée de l'examen des voies et moyens pour consolider le retour à l'ordre public dans la région de Ghardaïa, les heurts n'ont pas cessé et on dénombre à chaque fois des victimes. «Le quartier de Bab Essad, théâtre de graves violences, a été pour la plus grande partie détruit, saccagé et incendié», a indiqué Hadj Tahar, précisant qu'«un grand nombre de familles sont sans abri. Les familles des victimes réclament justice et nous aussi. On ne peut plus continuer de la sorte», a-t-il souligné. Les deux victimes déplorées à Berriane ont été grièvement blessées par balle. Ils ont succombé à leurs blessures lors de leur transfert respectivement vers l'hôpital de Berriane et celui de Sidi Abbaz, (Ghardaïa), selon des sources hospitalières. Un jeune de 22 ans, blessé dans la nuit de lundi à mardi, a également succombé à ses blessures dans la ville de Guerrara (120 km au nord-est du chef-lieu de Ghardaïa) alors qu'un octogénaire est mort suite à l'inhalation de gaz lacrymogène. La victime de 22 ans avait été grièvement blessée par un projectile. Elle a été transportée à l'hôpital de Guerrara dans un état critique où son pronostic vital était engagé, selon des sources hospitalières. Des violents heurts avaient notamment éclaté après les prières surérogatoires (taraouih) lundi soir. Ces affrontements ont été émaillés par des incendies et des actes de vandalisme contre des habitations, des locaux commerciaux, des véhicules particuliers et des palmeraies, le mobilier urbain ainsi que des édifices publics. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées durant ces affrontements que les forces de l'ordre, dépêchées sur les lieux, tentaient de disperser à l'aide de bombes lacrymogènes pour rétablir l'ordre dans la ville. Les violences intercommunautaires se radicalisent et se propagent en dépit d'un imposant renfort sécuritaire mobilisé sur les lieux, appuyé par les éléments anti-émeute de la Gendarmerie nationale pour mettre un terme à ces affrontements. Selon d'autres sources, la RN 1 a été coupée à la circulation pendant des heures alors que des colonnes de fumée montaient du quartier Kef Hamouda. Un semi-remorque appartenant à des mozabites a été, par ailleurs, incendié. «Il paraît que des armes sont mêmes utilisées», selon ces sources. Plusieurs blessés dont certains graves ont été notamment enregistrés dans les rangs des forces de l'ordre public dans la commune de Berriane. Suite à cela, les éléments des Unités républicaines de sécurité (URS) ont refusé d'intervenir dans les échauffourées. «Ce n'est pas une grève, mais ils dénoncent le manque de moyens», ont indiqué des sources sécuritaires. Par ailleurs, des notables locaux de Ghardaïa ont appelé les habitants à la «vigilance et à la sagesse» pour éviter ces affrontements qui, selon eux, nuisent à la réputation de la région et ternissent son image.