De quelque angle qu'on l'aborde, le rapt d'enfants doit être perçu d'abord comme un phénomène intimement lié aux tares que véhiculent encore les sociétés humaines. La question se pose, en effet, depuis la nuit des temps et concerne toutes les communautés, sans distinction de race et de croyances, et qu'importe son niveau de développement économique et socioculturel. L'Algérie n'échappe pas à ce phénomène qui semble, au vu des statistiques établies par les services de sécurité, prendre une ampleur qu'on ne lui connaissait pas jusque-là. Faut-il pour autant s'en inquiéter et déclencher, en conséquence, l'alerte pour contrer cette pratique criminelle dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle contredit et la morale et les valeurs sociales communément admises ? Evidemment, la prévention de ce type de criminalité est d'une impérieuse nécessité pour la protection des enfants, de quelque condition qu'ils soient d'ailleurs, et la mise en échec de toute tentative attentatoire à leur intégrité physique et morale. Et cette prévention, assureront les citoyens avisés, passe en premier lieu par le durcissement des lois réprimant ce crime et, en second, par l'institution de peines de réclusion incompressibles pour tout individu commettant l'irréparable à l'endroit d'un enfant. En parallèle, on peut aussi recourir à l'internement psychiatrique pour les auteurs de cet acte répréhensible, et suggérer par là même nombre d'autres indications thérapeutiques pour combattre le phénomène. Mais est-ce suffisant comme arsenal dissuasif pour prétendre atténuer ces crimes abjects qui soulèvent indignation et réprobation parmi la population, à l'exemple de l'enlèvement puis du viol et de l'assassinat de cet enfant de Bab Ezzouar, ou encore de la petite fille kidnappée à la sortie de son école et violée par plusieurs individus avant d'être étranglée et jetée dans un puits ? Il est de notoriété que les rapts d'enfants sont, en majorité, le fait de satyres et de criminels sexuels si on peut les cataloguer ainsi. Le nombre d'affaires y afférant soulève bien des interrogations, quand bien même il est des spécialistes qui attribuent cette forme de violence aux atavismes de la société, aux tabous et autres interdits qu'elle impose aux individus. Les disparités sociales, aggravées par les comportements ostentatoires des parvenus, comptent parmi les causes incitatives au kidnapping. A ce titre, on peut «comprendre» le nombre d'affaires relatives à l'enlèvement d'enfants de familles riches aux fins de soutier de fortes rançons à leurs parents en contrepartie de leur libération. L'Etat algérien a eu à réagir avec fermeté, dans les années 1960, à une affaire de ce genre en condamnant à mort les auteurs d'un rapt et en exécutant la sentence, ce qui frappa longtemps les esprits et eut pour effet de dissuader d'éventuels actes similaires. Parmi les autres causes, psychoaffective celle-là, le puissant désir d'avoir un enfant pour les jeunes couples stériles et les familles ayant perdu le leur. La difficulté d'adopter un enfant participe également à cette pratique qui consiste à enlever un enfant juste après l'accouchement dans les structures hospitalières mal surveillées. Bien des cas sont survenus, et si certains on été élucidés, d'autres demeurent encore inexpliqués. Autre origine, les séparations conjugales et le conflit pour la garde des enfants qui poussent certains parents à enlever leurs propres enfants. Si le problème ne se pose pas de façon aiguë chez nous, il est par contre de nombreux exemples qui nous parviennent de pays étrangers, où sont impliqués des Algériens binationaux. Plus grave, et les faits n'incitent pas à l'optimisme, le sacrifice d'enfants pour des rites sataniques et la sorcellerie. Rare peut-être, le phénomène n'est pas à prendre à la légère. Cette pratique se perpétue dans plusieurs régions du pays où, également, il a été rapporté l'utilisation d'organes d'enfants morts pour des rituels de magie noire. Il reste enfin un dernier phénomène qui explique le pourquoi de la disparition de tant d'enfants, non seulement en Algérie mais dans beaucoup d'autres pays à travers le monde : l'enlèvement d'enfants pour le prélèvement d'organes. C'est le plus horrible des crimes que les services de sécurité doivent se préparer désormais à combattre sans merci. Certes, nous n'en sommes pas encore au stade de quelques pays d'Amérique Latine, où des centaines d'enfants de la rue sont la cible de chasseurs d'organes qui les privent de leur cornée, d'un rein, d'un poumon ou d'un foie, quand ce n'est pas le cœur et le sang, mais, on ne sait jamais, ce trafic peut nous concerner. La vigilance est donc de mise et la responsabilité des parents entièrement engagée.