L'article de Nadir Marouf, paru en trois parties dans votre honorable journal 4802, 4803,4804, intitulé « Le Désert, pourquoi faire ? », m'a vraiment aiguillonné à participer à cet important débat d'idées, par quelques notes que vous voudriez bien publier dans vos colonnes, réservées généreusement aux différents thèmes intéressants pour vos lecteurs. A cette occasion, je salue chaleureusement l'éminent auteur de cette contribution, pour ses observations fondamentales sur la dynamique spatio-temporelle du phénomène en question, ainsi que ses remarques pertinentes sur les institutions, organismes et la société civile concernés par ce sujet crucial. Parmi ces mécanismes spécifiques, nous notons la Fondation des déserts du monde. La création de cette institution est intervenue dans un contexte particulier, tel qu'indiqué dans son acte de naissance. Son parrainage est assuré par des personnalités nationales et internationales remarquables, de divers horizons. Le caractère consacré est celui d'une association de droit algérien, aux dimensions internationales, appuyée par des visions intercontinentales fondées et de haut niveau. A l'état actuel de son existence, elle travaille pour fédérer des outils d'appuis influents, dans les domaines de l'information et de la culture, de la sensibilisation ciblée, ainsi que des recherches fondamentales et appliquées liées à ses attributs. En principe, cette assise est censée constituer un réceptacle universel aux différentes idées et préoccupations, issues de différents segments sociaux qui ont un lien avec la problématique. Afin d'élargir ses impacts aussi bien nationaux qu'internationaux, elle ne peut exclure les personnalités et scientifiques de terrain qui veulent adhérer à ses objectifs et qui sont susceptibles de renforcer ses immenses missions, notamment à la base. Elle ne peut donc, en aucun cas, s'offrir le luxe d'un « élitisme étréci », car la situation existentielle dans ces milieux est assez sérieuse, dramatique et menace les assises d'Etats intercontinentaux et les espaces vitaux de milliards d'êtres vivants. Certes, la tâche demeure largement disproportionnée par rapport aux moyens statutaires actuels de la fondation, qui sont toujours à l'état embryonnaire et qu'elle est appelée à développer fonctionnellement à court terme, si elle veut étendre et cristalliser ses missions fondatrices à travers les cinq continents. C'est un enjeu qu'il faudrait saisir comme une lame à double tranchant, car il est plausible que la fondation se trouve actuellement dans une situation d'étape, de confinement, qu'il faudrait « aérer » intelligemment et constamment pour éviter le fonctionnement ordinaire menant au régressif tant redouté. Cependant, il demeure que la force d'actions et fédératrice de ce type d'institutions réside fondamentalement dans le dynamisme des associations nationales et internationales, des réseaux promoteurs d'influences diverses, de centres de recherches renommés et d'organismes spécifiques de supervision planétaire réellement agissants vis-à- vis de la problématique et enfin du niveau d'éthique et de « sensitivité d'espérance existentielle » atteint par les populations autochtones vivants dans ces milieux naturels. En effet, il est utile de signaler que les frictions actuelles entre des ethnies en mouvements dans ces immensités territoriales, suscitées par des égotismes nationaux, régionaux et internationaux, sont de nature à différer dans la durée toutes actions intelligentes et bénéfiques au profit de ces « milieux terrestres spécifiques » ; ou l'élément humain est complètement déboussolé par les vicissitudes multiformes du temps et de l'espace. L'institution, depuis sa création, est en train de se positionner « académiquement » au plan initiateur des possibilités morales offertes dans ce domaine et semble s'accorder sur les principes conventionnels de la charte de la terre, eux-mêmes conditionnés par des volontés mondiales décisives, qui sont obnubilées par d'autres considérations planétaires. Franchement, sa tâche n'est pas aisée et a besoin du temps nécessaire pour « grandir » moralement et mondialement, afin d'être en diapason avec ses objectifs fondateurs. Le projet de charte des déserts du monde, qui reste une étape cruciale à franchir par la fondation, devrait s'insérer dans une conjoncture internationale propice et à l'occasion d'une rencontre excellemment représentative, et fortement déterminée à agir, comme c'est planifié par le programme de la FDM (Conférence internationale de haut niveau gouvernemental sur les déserts et la désertification, prévue en principe en octobre prochain). La fin de l'année 2006 qui est celle des déserts du monde, dont la fondation a eu le mérite de collaborer fortement pour sa tenue chez nous, devrait être perçue comme le début d'un chemin promoteur et prometteur. Elle est programmée pour être clôturée festivement et surtout empreinte, on l'espère, d'acquis moraux internationaux actifs pour la FDM. A cette occasion, nous tenons à proposer à cette honorable fondation l'idée d'élaborer sous son égide un Atlas encyclopédique universel multimédias et multipublics, spécifique, diversifié, illustratif et référentiel sur tous les sujets liés aux déserts du globe, qui sera confectionné par une, ou des institutions compétentes en la matière. II. Notes sur certains concepts d'approche de la problématique : A l'occasion de la conférence de presse du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et président de la Fondation des déserts du monde, en date du 12 février 2006 ; relative à l'organisation de la Journée mondiale sur l'environnement qui s'est tenue dans notre pays et dont les principaux points ont été repris par le quotidien du Soir d'Algérie du 3 février 2006, il a été déclaré que le thème central de la rencontre serait « La protection du désert et la lutte contre la désertification. » En d'autres termes, il y a deux vues d'approches : i) - Le sauvegarder en tant que patrimoine imposant de l'humanité, avec tous ses multiples attributs qui restent à valoriser, à consolider, moralement et physiquement (les richesses humaines et naturelles), ainsi transformées, reproduites sous d'autres aspects et adaptées depuis des lustres et en même temps ; ii) - se prémunir d'un mode adéquat de protection contre son extension dégradante sur les « biotopes productifs », qui sont en état de fragilisation avancée et qui ne seront « régénerables » après, sous d'autres formes imprévisibles en conséquences, que dans des siècles. La première « image désertique » est acceptable à l'état du fait de « sa patrimonialité légendaire ». La seconde moins supportable, car de « nature agressive » indue et sournoise, menaçant le socle de l'existence de milliards d'êtres vivants et nécessite des voies (méthodes pertinentes) et moyens colossaux (idées-stratégies-plans-projets-finances-programmes de recherches-développement durable) à mettre en œuvre dépend surtout de la volonté des décideurs mondiaux, gouvernementaux, de la société civile et de ses élites confondues, nationales et internationales, à les planifier sur plusieurs générations laborieuses et conscientes, pour mener ce combat titanesque déterminant. Dans le cas de notre pays, l'enjeu vaut son pesant d'or, car nous ne pouvons supporter « deux déserts » en même temps : i) - L'un vieux mais mythique et profitable à certains égards ; ii)- l'autre plus jeune, mais qu'il faut éviter coûte que coûte, car intempestif et vorace comme ces larves écloses au nord d'œufs de criquets venant de l'Extrême-Sud du Sahara et potentiellement destructeur de notre devenir même, dans ces contrées aujourd'hui fortement habitées. (L'Atlas saharien et tellien). III. Méthodologie d'approche A l'état actuel des choses, la question qui reste posée au plan méthodologique est : « Comment côtoyer et vivre intelligemment avec cet état de fait naturel et de se prémunir de ses effets de plus en plus menaçants, pour l'environnement mondial. » Côtoyer, c'est être en « harmonie métaphysique » avec cet état de fait universel pour prévenir intelligemment ses manifestations. Cela veut dire aussi une « vision amicale » du désert « originel » intégrant l'altruisme et le sens du savoir humain ancestral tout en sillage avec l'actuel et les multiples richesses qu'offrent ces immensités silencieuses. L'essentiel est d'infuser dans notre âme cette vision. Cela reste du domaine du possible à la seule condition : que tout le monde participe activement. Dans ce sens, il ne faut pas hésiter à faire souvent appel à toutes les compétences nationales et internationales, pourvoyeuses d'idées créatrices dans tous les domaines qui concourent réellement à la revitalisation et à l'harmonisation humano-naturelle dans ces milieux mythiques, ainsi que de l'instauration d'un état d'esprit éveillé et d'outils vigilants d'interventions mesurées en permanence, sur les « colères physiques » du phénomène, souvent provoquées par les bêtises du genre humain qu'il faut impérativement bannir, par de nouvelles approches judicieuses de développement et de protection efficiente. 3.1. Notes succintes d'approche locale L'Atlas saharien et tellien sont menacés par l'avancée de la désertification, aussi bien physico-éolienne (ensablement saharien), que par d'autres facteurs désertificateurs qui se sont incrustés depuis des décennies au niveau des « écosystèmes atlaso-nordiques » et qui ont été générés par des activités de « productivisme » effrénées et le plus souvent aléatoire car non maîtrisées. Actuellement, les stratégies de protection de ces milieux naturels à l'échelle du territoire national sont diversifiées et diversement appréciées quant à leur mise en œuvre, ainsi que des impacts et résultats obtenus. Il existe plusieurs intervenants et des moyens humains et financiers assez fournis. Mais les retards enregistrés dans le domaine de la recherche spécifique aux zones arides et semi-arides d'une part et les mesures précipitatives engendrées embuant la bonne vision des priorités méthodiquement hiérarchisées et pertinemment planifiées dans le temps et l'espace, d'autre part, grève considérablement la bonne combinaison de ces moyens. En effet, le manque manifeste de synergie entre les différents mécanismes institutionnels en présence et la quasi-inexistence de représentants solides de la société civile ont accentué les pesanteurs d'une administration « technobureaucratique » déjà cloisonnée abusivement par le passé. Cet état de fait est apprécié, selon des indicateurs internationaux établis, comme des carences récurrentes et donc de non bonne gouvernance en la matière. 3.2. Intercontinentale Au niveau mondial, la désertification des continents, ainsi que de la théorie de leur dérive avec leurs effets multiformes menacent sérieusement l'existence des habitants actuels de notre planète et surtout ceux des prochaines décennies. Les multiples conséquences de la dégradation de l'environnement de la planète bouleverseront les consciences et les croyances des êtres humains au cours de ce millénaire. Les méditations sur le phénomène de la désertification n'ont pas encore atteint le niveau suffisant d'assimilation rationnelle de ce processus terrestre découlant du mystère même de l'apparition du globe et de son univers et constitue peut-être « une des apocalypses » latentes de ce monde. Des estimations fondées prévoient que d'ici 2030-2040, la désertification sous ses différentes formes, va progresser et atteindre 40-45% de la surface globale terrestre, qui est aujourd'hui de l'ordre de 25-30%. Mystérieusement comme les criquets pèlerins, qui grégarisent dans des zones spécifiques où le sable est ocre, puis s'envolent en nuées semblables aux grains de sable en mouvement éolien et inexplicablement comme ces migrations animales cycliques, le phénomène semble lui aussi attiré par les mers et océans, où les diverses confluences atmosphériques et solaires paraissent le prédisposer à cette énigme polarisation. Une destinée ? Ces succinctes notes métaphoriques et des visions catastrophistes sur le phénomène ne supposent pas un « pessimisme existentiel » sur l'ordre établi des choses, comme disait Shakespeare, (sous un autre aspect) : « Ainsi va le monde », mais tentent d'essayer humblement de relancer les débats académiques en la matière, afin d'entrevoir de nouvelles démarches qui nous permettent non plus seulement des réflexions scientistes plus élaborées à l'échelle planétaire, ou de « Don quichotisme » national à coups de vains efforts physiques et financiers générationnels de lutte contre le phénomène, mais celles d'aménagistes d'une nouvelle conscience de vie attentionnée à l'encontre de ce mythe et ses dures réalités en même temps, sur d'abord les habitants de ces lieux et l'environnement mondial en général. C'est justement à ce titre, que notre grand et impressionnant Sahara, cet être mouvant dans le temps et l'espace depuis des lustres, semble faire signifier farouchement mais noblement à nous d'abord et à toute l'humanité que la seule manière de me « contenancer », c'est de vous affranchir de vos prétentions, de vos tares et vices destructeurs de votre propre environnement. Vos ancêtres avaient mieux épousé ma sagesse et aussi mes colères physico-éoliennes, mon silence sidéral et mes eaux précieuses et sont arrivés, malgré ma rudesse de toujours, à confectionner des édens et des châteaux ocres, qui sont aujourd'hui ruinés, à cause de vos lâchetés et frénésies existentielles d'un niveau jamais atteint dans votre histoire et que malgré ça, je vous rend d'immenses services et d'autres encore en ma possession dont justement mon grain de sable qui vous inquiète, mais qu'en réalité, il comporte en son sein un avertissement incommensurablement rédempteur pour votre vanité, vos mépris inconsidérés, et en même temps aussi salutaire pour votre bonne âme et conscience. D'immenses richesses sont en ma possession. Lesquelles ? Pour les connaître et les considérer, il faut d'abord pénétrer profondément son corps et surtout son « âme ». Les deux incommensurables parcs naturels instaurés depuis des années dans ces milieux naturels, qui sont le Tassili N'Ajjer, et l'Ahhagar, sont censés concourir à cette pénétration morale et physique dans ces milieux. Seulement, la non-connaissance fouillée satellitaire du milieu physique, collationnée notamment par des randonnées spécialisées de terrain sur les différents aspects environnementaux locaux et régionaux, n'ont pas permis à ces mécanismes « préservateurs » de traverser profondément cette âme. Pour deux raisons : i) - l'une est liée à l'immensité territoriale de ces parcs (plus de 50 millions d'hectares, soit plus du 1/5e de la mer Méditerranée), alors qu'il suffisait d'inspirer l'âme fondatrice, au sein d'un « socle écosystemique minispatial » mais pluridimensionnel, dynamique et multiplicateur des impacts visés à l'échelle spatio-éco-systémique projetée. ii) - L'autre faille réside dans ces même outils organisationnels et fonctionnels, qui sont en réalité des « alibis » institutionnels et de présence (symbolique) dans ces vastes contrées où « seul le silence est grand et que tout le reste est faiblesse ». (Alfred de Vigny). La globalisation des craintes existentielles humaines dont celle de la désertification découle du processus de pensées et spiritualités, depuis le paradis perdu, en passant par l'Arche de Noé, jusqu'à la fin du monde, ou encore celle de la vie extraterrestre. Une caractéristique fondamentale reste intimement liée à la complexité de la conscience humaine, c'est de vouloir expliquer à son image, à son échelle existentialiste sa cosmogonie. Ce « rationalisme vagabond », errant à travers les millions de mesures philosophiques et scientifiques, laisse celui-ci « l'homos modernicus » le plus vaniteux et constamment angoissé de sa lignée, sur sa faim intellectuelle toujours inassouvie, malgré ses importantes découvertes et conquêtes souvent démesurées de son espace vital et au-delà, grâce à son intelligence innée sur le sens et la rotation de la vie des êtres qui l'entoure. Malgré ses élans, l'essence humaine reste tourmentée et donc complexée par le péché originel (fantasmagorique peut-être) ; qui lui rappelle « religieusement » que cette vie terrestre n'est qu'une étape dans son « parcours éternel ». Et pourtant, que le Seigneur aime les beautés éternelles, notamment celles du désert, où l'oasis représente un signe divin, paradisiaque, « Antegehennem ». Les processus menant à la formation du désert sont plus ou moins connus. Bien avant Thalès de Milet (VIe siècle Av J.-C.) en passant par le célèbre Léonard de Vinci (théorie des mers retirées), les catastrophistes (William Sherth, George Cuvier), les stratigraphistes (James Hutton) au XIXe siècle, jusqu'au XXe siècle (William Morris Davis, James Tricart). Toutes ces pensées, théories relevant du sens philosophique et scientifique, s'imbriquant les unes aux autres et éminemment fondées, restent cependant inachevées. La théorie de la dérive des continents, la dernière en date, utilise les moyens satellitaires en perpétuelle amélioration, sans pour autant mieux comprendre le phénomène dans toutes ses dimensions « spatio-temporelles ». A l'état actuel des choses, trois grandes visions universalistes se dégagent : i)- L'une reprenant les méthodes analytiques, explicatives, prédicatrices et souvent catastrophistes, d'inspiration philosophique et scientifique gréco-romaine (Europe et assimilés) ; ii)- la seconde représentée principalement par les USA, qui pensent que les choses sont à expliquer à temps réel et que tout futurisme catastrophiste du monde relève de l'inconsistance. Ils ont horreur des « analyses explicatives et philosophique » aussi bien de l'histoire, des temps présents et que le futur pour exister doit être globalisé à leur image. C'est-à-dire du pragmatisme à leur manière combiné et au quotidien ; iii)- enfin la dernière plus ancienne et d'origine sagement constituée, car intimement liée à « l'historioaridité afro-asiatique », où les déserts sont considérés comme un environnement mythique, insaisissable, mais réel en même temps, où la vie puise sa raison d'être d'autres dimensions existentielles, dont une est perçue aujourd'hui, comme inquiétante à plus d'un titre : le changement climatique, lié à la progression de l'ensablement éolien massif d'écosytèmes jusque-là préservés et que cette combinaison physico-climatique insistante est devenue insupportable pour les générations actuelles, qui n'ont plus les « ressorts généalogiques » et spirituels qui ont façonné pendant des millénaires les us et coutumes d'existence et d'endurance dans ces milieux. Il n'en demeure pas moins que pour les plus « heureux » du siècle, des bonds prodigieux ont été effectués dans le domaine des « oasis artificielles » : les tours gigantesques et autres hôtels palmés, l'exotisme disproportionné en équinidé et camélidé, et autres « volatilités capricieuses », notamment dans les pays du Golfe arabo-persique qui ont fait « leur deuil sur la mythologie de leurs déserts » au profit du « pétro tourisme boursier ». Leur mérite est que toutes ces réalisations se situent en plein désert. Pour d'autres, des efforts de développement socio-économique et culturel ont été sérieusement accomplis dans ces milieux naturels. Pour le reste, ils semblent se situer dans un carrefour où le temps ronge progressivement, l'un après l'autre, les axes de destinations en présence, y compris l'hyro-carburien considéré comme une sorte de mamelle laiteuse, réservée en hors désert. Le notre en fait partie. Malheureusement, en attendant, le mouvement poursuit son processus invariable qu'il faut savoir respecter tout en résipiscence, car il s'impose comme le contenant et contenu, le sublime architecte, bâtisseur, morphologiste et décorateur, en même temps. Seigneurialement et pourtant, que « le véritable désert mythique » continue d'être mystérieusement beau ; comme exprimé par les airs d'une chanson française pour la montagne, et les aphorismes d'un penseur poète soufiste du XIe siècle, tout en ivresse dattière dans une vaste oasis asiatique. 3.3. Les nouvelles approches planétaires : « Le 3e millénaire serait spirituel ou pas du tout », ainsi pensait un philosophe français du siècle dernier. Les dernières lignes de conduite « civilisationnelles » des uns et des autres, sur les religions monothéistes et leurs différentes pratiques et gestes, inaugurent des appréhensions qui sont susceptibles de mener à des dépassements déstabilisants toutes les certitudes, et croyances établies depuis des millénaires. Bien qu'anciennes, ces digressions apparaissent plus intelligemment envahissantes et plus élaborées « sémantiquement », d'un côté, et plus réagissantes mais auto flagellantes et à lame à double tranchant, de l'autre, et menaceraient sérieusement les fondements existentiels de ce troisième millénaire. La nature humaine est de texture complexe, imprévisible, et reste fondamentalement animée par ce tempérament qui, aujourd'hui, nous démontre l'une de ses manifestations : la puissance technologique et ses avancées bénéfiques pour l'humanité, mais aussi souvent destructrice sinon avilissante de celle-ci, bien que cela puisse paraître paradoxal. Un dicton redoutable dit : « Trop de religion tue. » A méditer profondément. Les déserts du Monde constituent des « proies » stratégiques inimaginables, comme jamais dans leur histoire. En ce qui nous concerne et pour tous ceux des subtropicaux, notre Sahara représente une cible multidimensionnelle pour les « convoiteurs possesseurs » du premier siècle, du millénium actuel. Les conflits guerriers, dans leur majorité, s'embrassent soit à l'intérieur des déserts, ou bien en périphéries. Il suffit de faire une vue panoramique du globe pour confirmer cet état de fait ahurissant, mais assez édifiant sur la suite des événements qui se profilent déjà à l'horizon. L'important, pour les plus éclairés, est de bien connaître d'abord son espace vital dans ses moindres recoins d'une manière éprouvée dans tous les domaines, afin de mieux le contenir physiquement pour bien le protéger des intérêts mercantilistes nationaux et mondiaux qui ont déjà montré leurs effets dégradants sur ces milieux fragiles. Toute lacune, carence, et désintérêt de notre part sur la connaissance approfondie de nos richesses naturelles dans toutes leurs dimensions prouveront notre déficience chronique en la matière, et donc notre « recolonisabilité » ; ainsi renouvelée sous une autre forme « d'indigénatibilité rénovée technologiquement ». Le dernier rapport national sur la biodiversité biologique (PNUD-FEM-MATE, novembre 2005) s'est penché d'une manière franche sur certaines insuffisances, mais aussi retards injustifiés en matière d'investigations scientifiques de terrain. A cet effet, on peut relever en page 158 dudit rapport, la conclusion suivante : « Les questions relatives aux objectifs 2010, et à la stratégie mondiale de la conservation des plantes (SMCP) sont trop nombreuses et difficiles à instruire dans le contexte d'un pays en transition aux modestes capacités institutionnelles. » C'est la réponse à la question clairement formulée comme suit : « Veuillez fournir ci-dessous les recommandations pour améliorer le format de ce rapport. » Ledit format est conçu d'une manière subtile, algorithmique, et c'est justement à ce titre que ce format est « difficile » à contourner en terme d'éventuelles contradictions informatives instruites. Cependant, cela ne sous-estime nullement les efforts consentis par des cadres scientifiques indiscutablement compétents et hautement qualifiés de par leurs travaux, et recherches largement reconnues. En vérité, ce qui manque le plus c'est la recherche appliquée dans tous ses concepts méthodologiques, notamment les missions pluridisciplinaires de terrain dits de sacs à dos, aux moyens suffisants et adéquats, et surtout animées par la seule passion du métier. C'est le seul moyen et pas d'autre, pour éviter ces insuffisances regrettables en ce type de connaissances. L'aveu ainsi formulé, « d'un pays en transition » signalé plus haut, confirme clairement ce désarroi généralisé vis-à-vis de nos richesses naturelles qui sont éclipsées par la torche pétrolière qui nous engourdit, et annihile les honnêtes volontés scientifiques jusqu'à ce qu'ils arrivent à ce niveau d'incertitudes ainsi illustrées dans ce rapport de portée internationale. L'idée de création d'un Museum national d'histoire naturelle, pour pallier cette inconfortable posture telle que justifiée de par sa seule absence, s'inscrit dans le cadre argumentaire de « modestie institutionnelle », qui est rappelé avec insistance, pour ne pas dire en cri de détresse : « Concernant la biodiversité terrestre, en l'absence d'un Museum national d'histoire naturelle, les points faibles restent l'actualisation des inventaires (Flore et Faune) et la constitution d'un Référentiel national » Partie B. Choix des priorités, Objectifs et Obstacles. Remarques en bas de chapitre, page 14 dudit Rapport. Aussi l'édification d'une telle structure hautement représentative de la valeur, de l'intérêt que porte une nation à son patrimoine vital, doit trouver impérativement son aboutissement dans les toutes prochaines années (horizon 2010), par la concrétisation d'un édifice approprié, et la collecte méthodique et systématique de la faune et de la flore de l'ensemble du pays, qui seront définitivement « référencialisées » au niveau du Museum national d'histoire naturelle d'Algérie (MNHNA). Cependant, rien ne s'améliorera dans ce sens si des mesures concrètes et appropriées ne sont pas prises au préalable en matière de formation permanente, adéquate et éprouvée dans des domaines bien ciblés : taxonomistes, anthropologues, ethnologues, géologues, biotechnologues, etc ; inscrite dans un programme cohérent et en relation étroite (organisationnelle, fonctionnelle, financière, etc.) avec la création et les missions dudit établissement, qui doit être un réceptacle scientifique, national et international de haut niveau, et ne dépendra d'aucune tutelle « alibi », mais de par sa seule renommée conquise effectivement haut la main, par la recherche et investigations fouillées des différents biotopes. Ce personnel spécialisé serait totalement libre des entraves administratives, et autres « minabilités de fonctionnement » de quelque nature que ce soit, mais qu'en revanche sera hautement qualifié et passionné dans ses travaux, constamment considéré et encouragé, par divers mécanismes matériels et surtout moraux, pour qu'il puisse honnêtement « se réconcilier » lui aussi avec la science et sa conscience professionnelle. Ce même centre d'intérêt peut se représenter aux milieux désertiques mondiaux, par l'intermédiaire d'une structure de niveau régional (Afro-moyen-oriental) dans un premier temps, et pouvant avoir l'envergure intercontinentale d'un véritable : Museum d'histoire naturelle des déserts subtropicaux du monde, (MHNDS). (A suivre)