Cible privilégiée de certains milieux politiques qui ne ratent aucune occasion pour le descendre en flammes et lui imputer tous les maux de l'Algérie, le président du Forum des chefs d'entreprise, Ali Haddad, a profité, jeudi, de l'installation du bureau de l'organisation à Médéa pour répondre à ses détracteurs. Ne voulant pas user des mêmes «armes» de l'insulte et de la délation obsessionnelle, Ali Haddad a plutôt tendu la main à ses détracteurs, les invitant à faire leurs propositions au FCE pour construire ensemble un pays développé. «Ce sont des personnes qui veulent déstabiliser le pays et font du bruit pour pousser le peuple à la révolte», a répondu Haddad à une question des journalistes lui demandant de réagir aux déclarations de la secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune. «Comme vous le savez, nous refusons de leur répondre. Par contre, nous sommes ouverts pour les écouter afin de nous dire quelles sont nos erreurs, si nous nous sommes réellement trompés», a-t-il ajouté. «Au lieu de critiquer le forum et ma personne, qu'ils fassent leurs propositions pour permettre au pays d'affronter la crise», induite notamment par la chute des cours du pétrole. Sans nommer Hanoune, il dira qu'il est «scandaleux que certaines personnes qui ont plus de 60 ans parlent de cette manière». Le forum, par contre, propose des mesures à même d'éviter au pays le chaos. «Nous leur demandons de venir nous aider, de travailler avec nous. S'ils ont des solutions meilleures que les nôtres qu'ils les proposent. Aujourd'hui, nous ne monopolisons absolument rien. L'Algérie appartient à tous les Algériens», a-t-il appuyé. «Nous avons présenté un plaidoyer au gouvernement dans lequel nous proposons des solutions pour affronter la crise. Ni Ali Haddad ni le FCE ne peuvent à eux seuls faire face à la crise, c'est tout le peuple algérien qui doit y contribuer», a-t-il souligné, appelant les Algériens à travailler pour hisser le pays au rang des pays émergents. Selon lui, la chute des cours du pétrole était attendue. Elle est même cyclique, dira-t-il, soutenant qu'elle se produit chaque huit ans environ. «Cette crise pétrolière ne me fait pas peur car l'Algérie de 2015 n'est pas celle de 1986», a assuré Haddad. S'adressant de nouveau à ses détracteurs qualifiés de «ceux qui font peur aux Algériens, aux promoteurs et aux industriels en affirmant que l'Algérie va s'écrouler», le président du FCE fait plutôt «une prière» pour eux. «Que Dieu leur accorde un peu de sagesse pour changer leurs propos», a-t-il lancé. «L'Algérie se porte bien» Sur un ton insistant, il ajoutera : «Je vous le dis à partir de Médéa, l'Algérie se porte bien. Elle commence à mettre tous les moyens pour rehausser l'investissement. Aujourd'hui, les pouvoirs publics sont conscients que le développement du pays ne se fera que par l'entreprise.» Celle-ci est «le pivot du développement et de toute industrie de qualité et de toute productivité». Il répondra aussi à ceux qui lui reprochent de dicter des mesures au gouvernement. «Ces gens-là veulent déstabiliser l'Algérie. Notre pays est immunisé, car le peuple algérien est conscient. Les dix années de terrorisme nous suffisent. Le peuple algérien a eu suffisamment de malheurs. Nous avons autre chose à faire, nous devons construire notre pays.» Avec des propos marqués par «la rationalité», Haddad a toutefois noté que beaucoup d'efforts doivent être consentis. «Rien n'est acquis facilement, tout vient par le travail», a insisté le président du FCE qui remerciera, à l'occasion, «tous les investisseurs qui ont fait confiance au pays et n'ont pas hésité à s'engager dans des projets en Algérie». «Dieu merci, ils ont cru en leur pays. Aujourd'hui, nous disposons de beaucoup de choses», s'est-il réjoui. Revoir la politique de subvention Beaucoup en effet reste à faire, raison pour laquelle la formation des personnels doit être inscrite en priorité, préconise le président du forum. Il suggère aussi de «créer et d'encourager les start-up». «C'est de cette manière que nous pourrons créer un tissu d'entreprises», estimera le premier responsable du FCE qui a recommandé, par ailleurs, de revoir la politique de subventions. Le soutien doit être ciblé, a-t-il suggéré, car de l'anarchie qui le caractérise actuellement, il devrait être plutôt canalisé et orienté vers ceux qui en ont besoin. «Nous n'acceptons pas au forum la paupérisation de l'Algérien», a-t-il tonné. Dans une conjoncture marquée par le recul des recettes de pétrole, Haddad a plaidé pour la révision de la politique de subventions. En raison du soutien des prix de différents produits, la contrebande a pris des proportions alarmantes. «Il est impossible de contrôler et de surveiller 7000 km. L'essence, dont le prix est soutenu par l'Etat, est vendu en Tunisie, au Maroc, au Mali et au Niger. Dans ces pays, c'est devenu un fonds de commerce qui rapporte gros», s'est-il indigné. A cet effet, il a plaidé pour la révision des prix des produits subventionnés, tout en prenant en considération les salariés et les couches défavorisées. «Nous sommes très clairs, nous disons que le soutien social doit être orienté vers ceux qui en ont besoin», insiste-t-il. Le président du FCE a noté, par ailleurs, que plusieurs propositions du forum ont été prises en considération dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2015. Mais ce sont des mesures «minimes», précise-t-il, annonçant que d'autres propositions seront faites au gouvernement pour les introduire, éventuellement, dans la prochaine loi de finances 2016. Il citera, entre autres, le cas de l'IBS, en indiquant que le FCE a demandé de l'augmenter pour les importations à 30% et le réduire à 15% pour les entreprises de production. Une révision de l'IBS prévue pour les entreprises spécialisées dans les services sera également recommandée. Toutes les entreprises productrices opérant en Algérie doivent être soumises au même taux de l'IBS de 19%, a-t-il suggéré. En revanche, «toutes les entreprises d'importation doivent passer à un IBS à 26%», suggère Haddad, qui dit n'avoir «aucun complexe à ce sujet».