Le rêve de Taoufik Makhloufi s'est évanoui. Il n'est pas devenu champion du monde du 1500 m à Pékin. Il n'est même pas sur le podium de cette course devancé pour la troisième place par le Marocain Abdelaati Iguider. Le champion algérien voit voler en éclats tous les espoirs qu'il avait mis dans cette épreuve pour laquelle il avait tout donné. Il restera dans l'histoire que Makhloufi n'a jamais terminé premier dans chacune des compétitions dans lesquelles il s'était aligné depuis le début de cette saison, hormis le 1000 m du meeting Stanislas de Nancy, le 1er juillet. Il s'était, ce jour-là, imposé devant des athlètes du Kenya mais pas la crème des athlètes de ce pays. Cette crème-là, il l'a affrontée lors de certains meetings en Europe et aux Mondiaux de Pékin et il n'a jamais battu un de ses représentants. C'était vrai en série puis en demi-finale de ces Mondiaux, cela s'est confirmé hier en finale. Les Kenyans sont bien aujourd'hui les rois du 1500 m et du demi-fond tout court avec deux athlètes aux deux premières places de la finale de cette course. Makhloufi avait choisi de ne pas se positionner parmi les premiers après le départ de cette épreuve car fallait surveiller les quatre Kenyans qui y étaient engagés. L'Algérie est donc restée au milieu du peloton pendant la moitié de ce 1500 m alors que le favori, Asbel Kiprop, avait opté pour rester, comme en demi-finale, en queue de course. Une stratégie qui, cette fois, a failli lui coûter cher. Mais si Kiprop était dernier, c'était bien les Kenyans qui imprimaient leur rythme à cette finale avec le duo Manangoi-Cheruiyot. C'est le second nommé qui a bouclé en tête les 800 m dans le temps, assez modeste, de 1:58.69, ce qui démontrait que tous les coureurs s'observaient et ne cherchaient pas du tout à faire exploser le chronomètre. Aux 1200 m, Manangoi est passé à l'attaque après être passé en 2:55.68. Mais il est pris immédiatement en chasse par Makhloufi qui le double bien avant l'entrée du dernier virage. Pendant ce temps, Kiprop avait remonté le peloton mais ne parvenait pas à se hisser parmi les premiers. Dans le dernier virage, Makhloufi avait course gagnée car ses poursuivants ne pouvaient pas le rejoindre. On croyait, à ce moment-là, que Kiprop allait revivre sa mésaventure de la finale des JO de Londres, en 2012, où il avait terminé dernier. Mais c'était crier trop tôt victoire. Effectivement, dans l'ultime ligne droite qu'il avait abordée en tête, Makhloufi s'est, peu à peu, «liquéfié». Ayant présumé de ses forces, l'Algérien a manqué de souffle dans ces, si importants, derniers mètres au point de se laisser doubler par Asbel Kiprop, lequel, dans un superbe effort, avait remonté tout le monde pour terminer cette finale en tête dans le temps, très banal, de 3:34.40. Derrière lui on trouvait un autre Kenyan, Elija Motonei Manangoi, 2e en 3:34.63 et le Marocain Abdelaati Iguider, 3e en 3:34.67, ce dernier s'étant bien jeté sur le fil pour devancer Makhloufi, 4e en 3:34.76. Le champion algérien n'avait plus que les yeux pour pleurer. On dira qu'il a eu tort de partir trop tôt. Mais avec une telle armada kenyane pouvait-il opter pour une autre stratégie. S'il avait démarré plus tard, qui aurait dit si les Kenyans allaient faiblir jusqu'à le laisser gagner ? Une bien mauvaise journée pour le champion algérien qui sort de ces Mondiaux bredouille en se disant que dans un an, aux JO de Rio, il aura, encore des Kenyans à affronter.