Ces jours-ci, la Corée du Nord est remise au banc des accusés par les grandes puissances pour avoir effectué un essai nucléaire réservé aux seuls Etats dits forts. Les condamnations pleuvent provenant du monde dit libre et les dirigeants de ces pays rivalisent de vocables nihilistes contre ce pays pauvre, à économie désarticulée, parce que mis à rude épreuve par des années de sanctions économiques. Les médias du système s'en donnent à cœur joie pour propager ces sorties de fausses vierges effarouchées, qui voient en cet essai nucléaire nord-coréen, tantôt une provocation, tantôt «une grave menace pour la paix et la sécurité internationales». Les Nations unies sont alertées par des pays qui régissent le monde par le veto, pour préparer des sanctions encore plus poussées contre le peuple nord-coréen qui vivote déjà dans la misère et parfois la famine. La vague de protestations intervient au moment où, à Genève, se tenaient des réunions sur le désarmement et la non-prolifération de l'arme nucléaire, mais qui n'arrivent pas à avancer à cause de l'incapacité des pays y prenant part à… s'entendre sur un ordre du jour. Cela se passe au moment où les Etats-Unis et la Russie ouvraient des pourparlers sur la réduction des armes nucléaires, mais qui n'avancent pas également, à cause de l'absence de volonté de part et d'autre. Cela se passe au moment où une entité raciste créée de toute pièce au Moyen-Orient, qui dispose de l'arme nucléaire, menace un autre pays, celui-là musulman, de frappes contre ses installations qui produiraient de l'énergie nucléaire à usage civil. «Etats responsables et Etats voyous» La Corée du Nord est condamnée vigoureusement pour cet essai. L'Iran fait l'objet depuis des années de très fortes pressions et de sanctions car accusé de vouloir enrichir l'uranium pour produire l'arme nucléaire. Ces deux pays sont accusés par l'ancien président américain d'«Etats voyous», alors qu'Israël, enfant chéri des Etats-Unis et de l'Europe, qui a produit son arsenal nucléaire en secret, aidé dans cette entreprise par la France, est protégé et jamais désigné du doigt. Pour les forts de ce monde, il y a des Etats responsables qui ont droit à l'arme nucléaire de dissuasion et d'autres qui ne doivent pas avoir ce droit, parce qu'ils risquent de menacer la sécurité internationale. Ce raisonnement ne tient pas la route évidemment, alors pourquoi les peuples de la planète doivent-ils faire confiance à Israël, qui n'existe que par l'épreuve de force sauvage, et à d'autres Etats nucléaires qui refusent de désarmer, malgré les conférences de désarmement et les résolutions onusiennes qu'ils ont eux-mêmes votées, et pas à d'autres Etats qui n'ont jamais attaqué autrui ? Israël pousse la provocation plus loin en émettant le vœu cynique selon lequel «la communauté internationale va réagir avec fermeté à cet essai nord-coréen pour envoyer un message clair à d'autres pays». Cette entité vise bien sûr l'Iran dont les dirigeants ne la portent pas dans leur cœur, puisque imposée par la force et qui a pris les terres et les biens d'un peuple voué désormais à l'exil et à l'errance. C'est que Téhéran venait de tester avec succès un nouveau missile d'un rayon d'action de 2000 à 2500 km, qui pourrait être dirigé contre Israël s'il s'aventurait à attaquer l'Iran. Des observateurs européens laissent entendre que «les Occidentaux craignent que le programme balistique de l'Iran puisse lui permettre de disposer de missiles équipés de têtes nucléaires, si Téhéran arrivait à se doter de l'arme atomique, ce qui constituerait une menace pour Israël et l'Europe». Ces craintes sont bien sûr infondées. «Les agissements de la Corée du Nord mettent en danger les peuples d'Asie du Nord-Est. Ils contredisent les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Les Etats-Unis et la communauté internationale doivent agir», a dit le président américain Barack Obama. La Corée du Nord a expliqué que son essai intervient suite à sa condamnation à l'ONU après son tir de fusée effectué en avril dernier. Hystérie collective L'hystérie collective occidentale contre Pyongyang se déroulait au moment où l'armée de l'air israélienne clôturait des manœuvres «à grande échelle» au cours desquelles cette entité assassine testait ses «capacités de défense contre des raids aériens ou des attaques au missile de la Syrie et de l'Iran», selon un porte-parole militaire israélien. Ce qui est donc interdit pour les uns est permis pour d'autres…Ce brouhaha intervient alors que Moscou et Washington négociaient une réduction de leurs arsenaux nucléaires sans avoir abouti, les Etats-Unis ne revenant pas sur leur projet de déploiement d'un bouclier antimissile en Europe. D'ailleurs, Moscou soutient que «le futur traité russo-américain de désarmement nucléaire doit tenir compte du bouclier antimissile que les Etats-Unis veulent déployer en Europe de l'Est». Ceci dit, la position de l'Algérie, qui vient de présider à Genève la conférence du désarment après une hibernation d'une décennie, a été précisée par le chef de la diplomatie Mourad Medelci, pour qui «l'accès au nucléaire civil doit être libre pour tous les pays, et les dossiers du nucléaire iranien et nord-coréen ne sont pas forcément liés à l'armement nucléaire». La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est fendue dans une analyse erronée à propos de l'Iran estimant que ce pays «n'a pas intérêt à acquérir l'arme nucléaire car cela déclencherait une course à l'armement au Proche-Orient». Pour elle, l'objectif des Etats-Unis «est de persuader le régime iranien qu'il sera en fait moins en sécurité s'il poursuit son programme nucléaire». Dans cet ordre d'idées, elle ajoutait qu'«un Iran disposant de l'arme nucléaire et d'un système de lancement provoquera une course à l'armement au Proche-Orient et aux alentours. Ce ne sera pas dans l'intérêt de la sécurité de l'Iran». Et Israël ? Pourquoi donc cette analyse tirée par les cheveux qui ne s'est pas appliquée dans l'Asie du Sud-Est, après l'essai nucléaire nord-coréen de 2006, s'appliquerait-elle au Moyen-Orient ? Pourquoi Israël, qui s'est doté, il y a des décennies, de l'arme fissile, n'a pas encouragé par cela les autres pays de la région à l'imiter ? L'Iran passe son temps depuis 2000 à expliquer qu'il n'a pas l'intention de produire l'arme nucléaire et que les accusations occidentales à ce sujet sont dénuées de vérité. Du reste, le chef de l'Etat iranien vient d'affirmer que son pays a déjà dit et dit qu'il ne discuterait pas du dossier nucléaire iranien en dehors de l'AIEA. L'Iran refuse donc de poursuivre les pourparlers à ce sujet avec les six grandes puissances que sont les Etats-Unis, la France, la Chine, la Grande-Bretagne, la Russie et l'Allemagne, qui tentaient depuis quelques années de le convaincre de cesser ses activités nucléaires. Hormis l'Allemagne, ces pays sont tous dotés d'armes nucléaires. Un haut responsable militaire israélien revenait à la charge contre l'Iran l'accusant de poursuivre son«programme nucléaire et s'il parvient à le mener à son terme, dit-il, il remettra en question la stabilité de l'ensemble du Proche-Orient. En tant que chef d'état-major et en tant que militaire, je me dois de vous présenter toutes les options». Plus ferme et plus menaçant, le Premier ministre israélien ne cachait par récemment à Obama qu'«Israël se réservait le droit de se défendre contre l'Iran». Entendre d'attaquer le premier ce pays, même si les Etats-Unis s'opposent à une action militaire unilatérale israélienne contre l'Iran qui se prépare à riposter violemment si l'entité sioniste met à exécution sa menace. Dans toute cette histoire d'armes nucléaires, les Etats voyous désignés ne sont pas toujours ceux dont on parle. Personne ne peut convaincre les peuples épris de paix dans le monde qu'Israël n'en fait pas partie et n'a pas les qualités recherchées pour en être taxé à juste titre.