Quelques jours après une réaction aigre-douce du ministre de l'Intérieur à l'occasion de la réunion gouvernement-walis, le Premier ministre a tracé une ligne rouge face à l'ex-chef terroriste. Abdelmalek Sellal a été catégorique dans sa réplique à l'annonce de Madani Mezrag, ex-chef du bras armé du FIS dissous (AIS), de créer son propre parti politique : «La loi interdit de politique les personne impliquées dans les événements douloureux de la décennie noire et encore moins de créer un parti politique», a-t-il asséné hier devant la presse. S'exprimant en marge de l'ouverture de la session d'automne 2015, le Premier ministre a indiqué que les pouvoirs publics veillent au respect et à l'application de toutes les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Nous ne permettrons pas aux personnes qui ont du sang sur les mains de reprendre une activité politique», a-t-il insisté. La déclaration de Sellal intervient cinq jours après celle quelque peu mitigée du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Nouredine Bedoui a affirmé, en effet, que son département ministériel «n'a été destinataire d'aucune demande et si tel est le cas, nous répondrons par les voies légales et conformément aux textes de loi». Et d'ajouter : «Nous sommes dans un Etat de droit et la République algérienne démocratique et populaire est régie par des lois qui sont appliquées scrupuleusement». Une réponse ferme qui sonne comme un rappel à l'ordre de Mezrag, qui sait désormais à quoi s'en tenir. Pas d'austérité Sur un autre plan, Abdelmalek Sellal est revenu sur la feuille de route de son gouvernement pour faire face à la crise économique et financière induite par le choc pétrolier. Il assure que les pouvoirs publics poursuivent leurs efforts dans le sens de la promotion du développement économique de l'Algérie qui «dispose de potentialités à même de lui permettre de faire face à la crise induite par la chute brutale des cours du pétrole». Sellal réitère la profession de foi entendue plusieurs fois, à savoir que «nous sommes, aujourd'hui, appelés à nous orienter vers l'économie de développement créatrice de richesse, mais avant cela, nous devons sortir de l'économie basée sur les hydrocarbures». Pour y parvenir, le Premier ministre souligne que cette approche doit «impliquer tout un chacun, individus, partis, société et opérateurs». Le Premier ministre qui a rappelé la «chute vertigineuse des prix du pétrole» a indiqué que le gouvernement a entamé la mise en œuvre d'un plan économique au titre de la loi de finances complémentaire 2015 (LFC-2015). Des coupes sombres dans les budgets Il a notamment fait référence à ce qu'il a qualifié de «sages et courageuses décisions prises récemment pour faciliter les investissements nationaux». Et comme pour rassurer ceux qui craignent l'application d'un programme d'austérité, Sellal tranche dans le vif : «La croissance économique génératrice de richesse est l'unique issue, et non l'austérité qui nourrit le sentiment de désespoir». Pour autant, il confirme que le gouvernement «poursuivra ses efforts pour la baisse des dépenses au titre du budget de fonctionnement pour l'année 2016 tout en réduisant le volume de certains investissements publics». Par ailleurs et en réponse à une question sur une rumeur relayée par les médias selon laquelle l'ambassadeur d'Algérie en Allemagne aurait été convoqué au sujet du blocage des importations de véhicules de marques allemandes, M. Sellal a indiqué ne pas «disposer d'informations à ce sujet». Une déclaration tout de même un peu bizarre de la part d'un Premier ministre censé être briefé par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale sur un fait supposé avoir eu lieu dans l'une de ses ambassades à l'étranger.