La polémique déclenchée suite aux accusations proférées la semaine dernière par le patron de Cevital, qui accusait le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, d'avoir bloqué certains de ses projets en Algérie, promet de nouveaux rebondissements. En effet, la «prise de bec» par presse interposée qui a eu lieu avant-hier entre les deux hommes a donné lieu à une vraie dispute où chacun y allait de sa propre version des faits, traitant l'autre, en des termes à peine voilés, de «menteur». Qui dit vrai ? Les deux hommes promettent bien des détails. Alors que Bouchouareb dit que «Isaad Rebrab a trompé le gouvernement lors de l'acquisition de Brandt», faisant savoir au passage que son département détient «un dossier avec preuves à l'appui», Rebrab, quant à lui, ne compte pas reculer. Dans une déclaration à TSA, M. Rebrab dit réfléchir encore à ce qu'il devra faire face à ce qu'il qualifie de «diffamation» à son encontre. «Je suis en train de réfléchir si je dois attaquer en justice M. Bouchouareb pour diffamation ou me contenter de lui démontrer le contraire de ses allégations», a-t-il dit. Le patron de Cevital a déclaré hier au Temps d'Algérie qu'il était en déplacement, mais qu'il réserve sa réplique à son retour dans les tout prochains jours. Des sources au niveau de la direction de Cevital que nous avons pu joindre hier par téléphone se sont contentées de nous renvoyer aux différentes déclarations de leur patron, rapportées notamment par le quotidien Liberté (propriété de Rebrab, Ndlr) à qui il a réservé l'exclusivité de ses déclarations. Toutefois, nos sources nous ont révélé que Issad Rebrab compte organiser, au cours de la semaine prochaine, une conférence de presse où il rendra publics les détails de cette affaire.Pour rappel, le ministre de l'Industrie ayant essuyé des attaques en règle depuis quelques temps déjà de la part de Rebrab s'est lâché avant-hier, à l'occasion d'un point de presse à Djenan El Mithak à Alger, accusant l'industriel d'avoir transféré illégalement des devises à l'étranger lors de l'achat par son groupe de l'usine française Brandt. Pis encore, Bouchouareb a déclaré que Rebrab a voulu introduire en Algérie «un matériel usagé déclaré à 5,7 millions d'euros alors que sa valeur réelle ne dépasse pas les 2,5 millions d'euros», ajoutant que «cet homme d'affaires a voulu offrir du matériel neuf aux Français et se débarrasser du matériel usé dans mon pays, l'Algérie».Hier, le ministre qui était en visite à Oran n'a pas raté l'occasion de répondre à celui qui le qualifiait la veille de «menteur» en confirmant ce qu'il a déclaré précédemment. «Je ne reviens pas sur mes propos», a-t-il dit avant d'ajouter : «Qu'il dise ce qu'il (Rebrab, ndlr) veut, lui a réagi via la presse, et moi je traite des dossiers». A propos de l'«invitation» à un face-à-face télévisé qui lui a été adressée par Issad Rebrab, Bouchourab dira : «Je suis un ministre de la République. Je ne polémique pas. Je suis ici pour donner un signal fort aux investisseurs et la priorité sera donnée aux dossiers d'investissement». Or, le concerné réfute en bloc ces accusations, lui qui déclare que «les deux usines sur les cinq que nous avons reprises ont des équipements ultra-modernes. Je ne sais pas d'où il (Bouchouareb, Ndlr) sort ses arguments». L'homme d'affaires qui est allé jusqu'à défier le ministre de venir l'affronter sur un plateau télé l'invite «en présence de la presse» à venir visiter lui-même ses usines. En somme, le débat autour de cette question est loin d'être clos, et le conflit entre les deux hommes risque de connaître bien des rebondissements. Attendons pour voir…