Intervenant, hier, lors d'un point de presse, à l'issue d'une réunion du comité algéro-tunisien de coopération industrielle, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, a réfuté des allégations faites, récemment, par l'homme d'affaires Issad Rebrab faisant état de «blocages» exercés par les pouvoirs publics sur ses projets d'investissement. M. Bouchouareb a expliqué que le patron du groupe industriel privé «Cevital' voulait introduire, en Algérie, de vieux équipements issus du renouvellement de l'usine Brandt, en France acquise par l'opérateur privé national, ce qui est interdit par la loi. « Lors de l'acquisition de l'usine Brandt, en France, les conditions qui étaient posées par le partenaire français étaient de renouveler les équipements. M. Rebrab a procédé au renouvellement des équipements, a pris les vieux équipements et a voulu les introduire, dans mon pays contre une valeur de 5,7 millions d'euros alors qu'il en est le propriétaire. La réglementation interdit cela », a expliqué le ministre de l'Industrie et des Mines. « S'il (Rebrab) préfère octroyer les équipements neufs au peuple français et je n'ai pas à m'immiscer dans cela, par contre pour le peuple algérien, il se contente de lui envoyer de vieux équipements et en plus à un montant qui est le double de l'acquisition de tout l'actif (2,5 millions d'euros) », a souligné M. Bouchouareb. «Je voulais dire ça au peuple algérien pour qu'il sache comment se comporte cette entreprise et cet homme d'affaires qui, encore une fois, n'a jamais sollicité une audience officielle, à mon département » a-t-il poursuivi. Le ministre a, en outre, assuré qu'il n'avait jamais refusé de recevoir M. Rebrab, ajoutant qu'aucune demande ne lui a été adressée, dans ce sens. « Il est vrai que des connaissances communes me passent, de temps en temps, des messages, mais je ne suis pas structuré pour fonctionner de la sorte. Je suis un ministre de la République qui obéit aux règles de la République », a ajouté le ministre, répétant qu'il n'a jamais refusé de recevoir des entrepreneurs nationaux. Le ministre a, par ailleurs, rappelé avoir reçu, en juin dernier, un représentant de M. Rebrab, ajoutant que toutes les explications lui ont été données sur cette question. Pour rappel, dans un entretien accordé au journal électronique «TSA», le patron de Cevital', a fait état de « blocages » de ses projets d'investissements. A une question sur ses liens avec le général Toufik, Rebrab affirmait : « Si j'étais proche du général Toufik, mes projets n'auraient pas été bloqués. Je vous signale que certains de nos projets sont bloqués, depuis une dizaine d'années. Ils pensent que nous sommes proches de lui, parce que nous avons réussi. Dans leur esprit, on ne peut pas réussir sans être proches du pouvoir. ». S'adressant au Premier ministre, le patron de «Cevital» affirmait: « Je pense qu'il (Abdelmalek Sellal, ndlr) doit commencer par régler le problème des projets qui sont bloqués, actuellement, et dont il est au courant. La bureaucratie et les blocages ne sont pas, au niveau des fonctionnaires mais au plus haut niveau de l'Etat ! En décembre 2012, Abdelmalek Sellal avait dépêché une commission interministérielle, à Béjaïa, pour notre projet de trituration de graines oléagineuses. Cette commission, dirigée par l'actuel ministre des Travaux publics qui était secrétaire général du ministère de l'Intérieur, à l'époque avait donné un avis favorable. Le rapport a été remis au Premier ministre. Pourquoi n'a-t-il pas débloqué ce projet qui devait dégager 3 milliards de dollars pour l'Algérie ? ». Dans l'entretien, Rebrab affirme avoir demandé au patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, et au président du FCE, Ali Haddad, de demander au ministre de l'Industrie pour qu'il débloque la « demande d'autorisation d'importation d'une ligne de production de machines à laver neuves et ultramodernes», à l'usine Samha de Sétif. Il avoue, aussi, avoir «pour des raisons de gain de temps», complété «par une ligne de production d'occasion rénovée pour la fabrication de tambours». «Ali Haddad m'appelle pour m'informer qu'il avait fait part de mes doléances à monsieur le ministre de l'Industrie et que ce dernier lui a répondu qu'il ne pouvait donner une suite favorable et qu'il ne permettrait pas à M. Rebrab ou «Cevital» d'introduire du matériel d'occasion obsolète. J'ai introduit maintes demandes d'audience auprès de M. Bouchouareb-restées lettre morte - pour lui démontrer que «Cevital» a toujours investi dans des équipements de dernière génération, ce qui a toujours fait sa force, dans la compétition internationale, d'autant plus que cette ligne de production est orientée à 99% à l'exportation», avait-il déclaré.