L'Etat a (re)nationalisé depuis hier le complexe sidérurgique ArcelorMittal Algérie (AMA), anciennement appelé complexe d'El Hadjar. L'annonce a été faite par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, lors de sa visite dans ce complexe qui vient de bénéficier d'un plan d'investissement. Il s'agit d'un accord de cession d'actions à titre gracieux, sans contrepartie financière, a précisé le PDG du groupe Imetal, Djoudi Kamel. Bouchouareb a, en effet, refusé de qualifier cet accord de restructuration de «nationalisation», préférant parler de «transfert des actions au groupe Imetal». Bouchouareb dira également : «Nous allons récupérer le capital à 100%.» Lors d'une conférence de presse, il a insisté sur le fait qu'il n'a pas prononcé le mot «nationalisation» qui est, selon lui, dépassé, car «l'entreprise peut vivre une dynamique permanente». Et d'ajouter : «En 2015, l'économie mondiale est ouverte et les entreprises peuvent créer des partenariats et les rompre en fonction de leurs objectifs.» Des négociations ont été tenues entre le ministère de l'Industrie et le partenaire indien ArcelorMettal, aboutissant à la conclusion d'un accord à travers lequel il est question de «transférer la totalité des actions d'AMA au groupe des industrie métallurgiques et sidérurgiques (Imetal), sans incidences financières pour les deux parties». Le ministre a indiqué à ce propos que le partenaire indien assurera une assistance technique au complexe. Le plan d'investissement permettra de porter les capacités de production à 1,2 million de tonnes par an à compter du premier trimestre 2016, a-t-il ajouté. Bouchouareb a expliqué que les objectifs de l'Algérie et du partenaire indien divergent, d'où la décision de reprendre le complexe. Il s'agit donc d'«une évolution dans la relation et non une rupture», a-t-il soutenu, réfutant l'existence de litige entre les deux partenaires. D'ailleurs, le contrat d'assistance technique pourra être reconduit à l'avenir conformément aux besoins de l'entreprise pour réussir le plan de développement du complexe d'El Hadjar», a expliqué Bouchouareb. Le complexe était détenu à hauteur de 51% par Sider et 49% par ArcelorMittal. Un nouveau financement réclamé L'entreprise bénéficiera de nouveaux avantages dans le cadre de la nouvelle loi de finances 2016. L'entreprise AMA changera de nom le 1er décembre, lorsque le transfert des actions sera effectif. Le ministre a indiqué dans ce sens que même le partenaire social est favorable à cette action. L'accord permettra de stabiliser le climat social au niveau des trois sociétés pour améliorer la rentabilité et préserver les emplois. Par ailleurs, le complexe sidérurgique AMA a bénéficié d'un projet stratégique d'investissement en vue de moderniser les installations essentielles du complexe, pour passer à une production de 2,2 millions de tonnes fin 2017. Pour rappel, un crédit de 355 millions de dollars a été octroyé pour le financement de l'exploitation et l'assainissement de la situation de la société, et d'un crédit de 600 millions de dollars pour les besoins du programme d'investissement. Les responsables d'AMA ont saisi le ministre pour réclamer un nouveau crédit pour finaliser le programme tracé. Les groupes ArcelorMittal et Imetal ont défini un schéma d'accord pour la restructuration de l'actionnariat des sociétés ArcelorMittal Algérie, ArcelorMittal Pipes et Tubes (AMPT) et ArcelorMittal Tébessa (AMT). Cette restructuration des groupes ArcelorMittal et Imetal s'inscrit, a-t-il précisé, dans le cadre de la volonté du gouvernement algérien d'assurer la promotion et le développement de l'industrie sidérurgique nationale et contribuer positivement à son objectif de promouvoir l'autosuffisance en acier. Elle s'inscrit également dans le cadre de l'optimisation du portefeuille d'actifs. «ArcelorMittal transférera ses participations minoritaires dans les deux sociétés ArcelorMittal Algérie et ArcelorMittal Tébessa ainsi que sa participation majoritaire dans ArcelorMittal Pipes & Tubes à la partie algérienne qui contrôlera de ce fait pleinement ses sociétés», a précisé également un communiqué de Imetal.