C'est au stand des ventes dédicaces que Philippe Brocard, bédéiste, président du festival de la bande dessinée de Lyon (France) et président du jury international du FIBDA évoque cette huitième édition. Ce professeur de dessin qui, depuis huit années, fréquente ce festival, semble satisfait du niveau des bédéistes de cette version 2015. Avec quatre prix octroyés à des algériens, il pense que la BD a de beaux jours devant elle et qu'elle ne peut que se développer. Dans cet entretien, il nous livre ses impressions. Le temps d'Algérie : Que pensez-vous de cette huitième édition du FIBDA ? Philippe Brocard : Elle est arrivée à maturité. Pour un festival, c'est entre six à huit ans qu'il trouve sa vitesse de croisière. C'est grâce au FIBDA que la bande dessinée a connu ce renouveau et grâce à toutes les actions de formation dans les écoles qui ont été initiées par les bédéistes franco-belges. Cette nouvelle génération a un très bon niveau et la bande dessinée est de bonne facture. Peut-on connaître votre avis sur la bande dessinée algérienne ? La nouvelle génération est fortement influencée par le Manga comme d'ailleurs en France. Les anciens bédéistes sont plus versés dans la BD franco-belge. C'était la mode à une période comme par exemple Gypsy qui raconte la vie algérienne, Zembla et Blek le Roc. La bande dessinée nouvelle est meilleure car on a une influence manga qui est plus diversifiée. Dans le manga, il n'y a pas de scénario, il se lit vite avec beaucoup de pages, or auparavant, les auteurs algériens avaient une histoire à raconter. Au niveau technique, ces jeunes sont en train de monter en puissance. Les anciens avaient un bon niveau et étaient plus joyeux et plus créatifs. Avec ces jeunes, leur BD est relativement sombre. La bande dessinée a-t-elle de beaux jours devant elle en Algérie ? Pour se développer, la BD algérienne a besoin d'éditeurs qui suivent et il faut avoir un modèle économique qui va en accompagnement. Le festival est à encourager et à multiplier. En France, on compte 450 festivals par an et les albums se vendent. Il est certain que la bande dessinée a de beaux jours devant elle, surtout que les amateurs de BD sont des collectionneurs. En Afrique, on remarque beaucoup de bédéistes mais peu d'infrastructures comme en Argentine. Le vivier belge est largement dépassé, et actuellement, on compte plus de 2000 auteurs en France. En Asie et aux Usa, les auteurs sont très nombreux. N'y a-t-il pas un manque de scénaristes aussi bien pour le cinéma que pour le 9e art ? Il faut trouver des scénaristes avec une bonne visibilité, et une histoire. C'est un vrai métier qui requiert des années d'expérience. Pour que la bande dessinée tienne la route, il y a lieu d'avoir des scénaristes.