«Plus un peuple est ignorant plus on l'asservit.» Cette assertion d'une grande justesse s'inscrit dans la perspective idéologique de l'ouvrage de Aïssa Khaled Chaïb, paru à l'Enag sous le titre L'éducation culturelle universelle. Celle-ci a la capacité de permettre d'accéder «au mieux-être», notion développée par l'auteur, chercheur au Centre des stratégies globales. Ce livre traite de l'apport de cette éducation qui permet l'enrichissement de l'esprit, l'acquisition du savoir-faire. Compartimenté en quatre chapitres : «Philosophie de l'éducation culturelle universelle», «Dynamiser l'éducation», «Pédagogie de l'enseignement de la culture», et «Réforme de redressement éducatif, préalable de la légitimité de l'éducation culturelle universelle», l'ouvrage vise à aider l'individu à s'intégrer dans la modernité tout en étant conforme à ses certitudes et aspirations. «Si l'amélioration de la condition culturelle d'un peuple implique sa croissance et si la puissance culturelle de celui-ci se mesure dans sa capacité à affiner ses rapports avec le gigantisme technologique et culturel qui est en train de faire le sort des nations, l'éducation culturelle universelle s'inscrivant dans cette logique devra, d'une part, lui assurer son émancipation de toute tutelle et, d'autre part, le conforter dans ses dimensions nationales démocratiques et universelles et à l'égard desquelles sa propension ne doit pas faire défaut. Il lui suffit, dès lors, de s'organiser pour lui apprendre à rechercher au sens de la sélection, l'influence du modernisme tout en s'investissant dans la maîtrise des langues et des langages scientifiques et artistiques au lieu de les subir, au lieu de sombrer dans une dépendance multiforme débridée», est-il mentionné en quatrième de couverture. L'objectif de cette éducation culturelle universelle est «de mettre l'homme au même titre que ses préoccupations, ses aspirations, ses ambitions, ses besoins et ses contraintes», écrit l'auteur. Le tout est d'accéder au mieux-être préconisé, précise-t-il. Une Ecole sinistrée Dans son second ouvrage intitulé Pour une Ecole intelligente, Aïssa Khaled Chaïb pense que «c'est dans la promotion de l'avancée déterminante que connaît la culture universelle et des principes démocratiques que l'Ecole algérienne doit évoluer». Sinistrée et otage de clivages partisans, l'Ecole algérienne a toujours suscité débats et controverses et continue de le faire. Dans ce livre, l'auteur en fait le constat tout en proposant des panacées. La volonté et le choix d'une politique reposant sur le savoir et la connaissance éloignés de toutes chapelles si ce n'est celle de la science et de la modernité. Ces propos illustrent à bon escient la pensée de l'auteur. Refondation du système scolaire «La refondation du système scolaire devra rompre avec les querelles idéologiques, les archaïsmes inhibants et les dogmes devenus par la force des choses la seconde nature de son peuple. Si le triptyque, éducation de qualité, instruction performante et formation innovante ne constitue pas l'axe nodal du choix de la politique éducative et culturelle à adopter, il en résulte la fossilisation pure et simple de l'ignorance, de l'intolérance, de l'exclusion, du sous-développement et de la pauvreté. Ils sont tous par nature les facteurs déclenchant de la violence qui accable la société humaine et, par conséquent, les agents renforçateurs de l'incompréhension mutuelle entre les peuples et du reniement de l'idéal démocratique, de la dignité humaine et de l'égalité sociale.» Ce sont deux nouvelles publications qui éclairent un tant soit peu sur la voie à suivre pour avoir un système scolaire idoine et une éducation culturelle. Sans ces deux postulats, l'intelligence s'atrophiera. A lire avec beaucoup de concentration et d'analyse.