Les travailleurs du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar ont poursuivi, ce week-end encore, leur mouvement visant au retrait de confiance au syndicat d'entreprise représenté par Aïssa Menadi, et à son remplacement par de nouveaux délégués. Répondant à l'appel de leur porte-parole Kouadria, près de 2000 d'entre eux ont participé à l'assemblée générale extraordinaire convoquée jeudi matin par ce dernier. Un meeting avec pour ordre du jour la lecture du compte rendu des dernières décisions de la centrale syndicale UGTA et l'approbation d'une feuille de route que le comité provisoire de représentation des collectifs installé après la dissolution de l'ancien syndicat a tracé en prévision des négociations salariales et socioprofessionnels de juillet prochain. Comme un seul homme, les participants à ce meeting ont réitéré leur soutien indéfectible à Smaïn Kouadria et crié leur déni de Menadi autant que certains autres syndicalistes qui auraient sans vergogne «bâti des fortunes sur leur dos». Arborant des banderoles dénonçant «Imbratoriat Menadi» (l'empire de Menadi, ndlr) et hurlant leur ferme intention de changer les choses au sein du complexe, ils ont approuvé la résolution portant organisation des élections des sections syndicales et du syndicat d'entreprise telles que souhaitées par le SG de l'UGTA après le passage des deux représentants de la centrale sur le site et d'El Hadjar, il y a dix jours, et suite à l'entretien que leur porte-parole a eu avec Abdelmadjid Sidi Saïd, tout de suite après. Cette résolution, dont une copie a été adressée à toutes les rédactions locales de la presse écrite, jeudi après-midi, indique notamment que l'union de wilaya UGTA de Annaba est désignée pour procéder au recueil des pétitions des travailleurs se prononçant pour la dissolution des instances syndicales ArcelorMittal et qu'elle est chargée du renouvellement de celles-ci dans les plus brefs délais. Prévoyant un retard dans l'organisation desdites élections, Kouadria a, au cours du meeting, annoncé aux travailleurs que la centrale syndicale l'a mandaté personnellement, en ce cas, de les représenter à la table des négociations le 6 juillet avec la direction générale. Il a même précisé que le mandat en question détermine le cadre légal dans lequel le comité provisoire, qu'il est appelé à mener jusqu'à la désignation des nouveaux délégués, pourra éventuellement agir, ceci même pour user du droit de grève dont il pourra se prévaloir éventuellement si les négociations socioprofessionnels venaient à échouer. Abordant de nouveau le problème de la gestion des sommes allouées par ArcelorMittal à l'association sportive USM Annaba dans le cadre du sponsoring, Kouadria n'accordera aucune concession à l'ex-secrétaire général du syndicat d'entreprise, devenu député, et qui n'est autre que le président de ladite association. Pour lui, tout comme le nouveau DG du complexe sidérurgique d'El Hadjar, il n'est pas question de dégeler le sponsor tant que Menadi n'aura pas justifié au centime près les 70 milliards mis à sa disposition de 2006 à ce jour. Indiquons à ce propos que Menadi a fait l'objet d'une polémique après qu'il ait soutenu à travers les colonnes d'un quotidien régional que le gel du sponsor de l'USMAn pourrait provoquer la colère dévastatrice des supporters de cette équipe et que par conséquent, il impute les conséquences d'éventuelles émeutes populaires à ArcelorMittal. Un appel à la désobéissance civile à peine voilé, qui a provoqué le courroux du wali et des pouvoirs publics de Annaba, surtout que cette déclaration après que des affiches et des tracts de menace signés par un pseudo comité de supporters de l'équipe locale aient fait circuler en ville. Les événements semblent se précipiter pour Menadi, cet homme en vue de la région et tout indique que son règne est en plein déclin. Son compagnon d'hier, Smaïn Kouadria, voit son étoile briller, et si certains disent qu'il a une grande part dans la descente aux enfers de son ex-compagnon, nul ne saurait le blâmer pour cela, c'est ce qui se dit à Annaba en évoquant l'affaire Menadi.