Ce sont de superbes poèmes que nous livre Keltoum Bakail-Djilali dans son nouveau recueil intitulé Esquilles, paru aux éditions Enag. Lorsque l'on découvre les vers de l'auteur, on apprécie leur intensité et leur haute facture. Indubitablement, elle nous réconcilie avec la poésie. Les odes de keltoum donnent le ton à la prépondérance de la poésie qui, malgré le désintérêt de la société, reste dans l'air du temps. Et comme disait José Marti «un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle», d'où sa nécessité et celle des poètes. La sensibilité, les émotions qu'elle procure n'ont rien d'égal. La portée des mots ravit et engendre de l'enthousiasme et du ravissement. Et cela, keltoum en est consciente, au regard de ses belles odes qui focalisent sur diverses thématiques liées à la vie, l'amour, la mort, l'enfance, l'espoir, la nature, la jeunesse et l'Algérie. Dans Esquilles, la poétesse a donné la pleine mesure de son talent. Sa maîtrise parfaite de la langue, la justesse des mots, la richesse de son vocabulaire et le choix judicieux des thèmes font d'elle une poétesse consacrée. Empreints de sensibilités pathétiques et émouvantes, ses poèmes sont une pure délectation. Une grande émotion Le vocable est à sa juste et réelle signification et le verbe prend tout son sens. Keltoum a fait une incursion dans son propre cœur pour raconter son mal être et celui de sa société. Elle dit avec des mots d'une grande charge émotionnelle, la vie dans toute son ampleur et sa démesure. L'espoir, les rêves, l'amour sont le dénominateur commun à certains poèmes alors que dans d'autres qui pourraient se chanter sur les airs des «Fenêtres» de Jacques Brel ne semble pas anodin, chacun de ses choix semble relever de la recherche du rythme adéquat à son propos. Dans d'autres, elle se désole de notre monde violent et délétère qu'elle fustige avec subtilité. Elle pare de jolies impressions ses odes sur les enfants et le poème Maria est à lui seul un chef d'œuvre. Homérique, audacieuse, tendre, humaine, bucolique, enthousiaste, chaque élégie raconte tantôt ses espérances tantôt ses peines et désarrois. En préface, il est mentionné par l'universitaire Bachir Senouci ses termes dithyrambiques et à bon escient sur le recueil de poèmes de Keltoum. «J'avoue que j'ai été étonné d'une telle maîtrise du verbe, et du pied, d'une telle richesse à la fois dans la forme et dans le fond, de la symbiose entre le fond et la forme, que Keltoum utilise l'alexandrin dans Le vent et la pierre, l'octosyllabe dans La toupie, le décasyllabe dans Rêve ou des vers plus courts comme dans le poème La jeunesse». Les poèmes sur l'espoir, la vie, la mort, les désillusions, les divers visages de l'amour sont en plus d'être attendrissants, surtout produits d'orfèvre.
La vie en société Entre le primesaut et l'épique, entre la tendresse et la mélancolie, Keltoum cisèle des petites perles d'une eau pure. Elle a fait un véritable diamant du poème Maria. Il est indéniable que ces vers sont d'une extrême beauté. Orfèvre des mots et du verbe, elle a des odes d'une grande profondeur d'analyse et d'une hauteur de vue. Keltoum semble bien inspirée par la muse qui la taquine intensément et tendrement. Toutes ses pièces sont d'une extrême symbiose, rappelant la vie en société. Certains poèmes sont très percutants comme Mon enfant, Expressions, Sonorités et Andalous. Compartimenté en deux parties dont Pétales de femmes et Clins d'œil, ce recueil de poèmes est d'une grande richesse dénotant une large culture de la poétesse. Il est à relever que par ses vers charmants et envoûtants, Keltoum Bakail-Djilali est une voix prometteuse. Elle peut désormais se loger dans le panthéon de la poésie.