Entre Anissa Kendil et la poésie, c'est une longue histoire d'amour tissée au fil du temps au gré des évènements heureux et des désenchantements de la vie. La poésie et les belles lettres font partie de sa vie comme une profession de foi. Et ce n'est surtout pas un hasard qu'Anissa a pu réaliser on rêve d'éditer un de ses innombrables recueils de poèmes. D'une discrétion sans bornes, elle, qui pèse ses mots avec circonspection ; se dévoile dans son recueil Paroles de feu paru aux éditions Nounou et dit la vie, la tendresse, l'amour, l'enfance, l'incompréhension, la relation homme/ femme et l'Algérie dans leur ampleur et leur démesure. Elle y consigne aussi des sujets qui lui tiennent à cœur comme la liberté, la démocratie, la modernité et l'espoir. Elle contourne les désillusions et les désappointements de son pays qu'elle chérit tant pour dire la beauté de ses paysages et la bravoure et l'humilité de son peuple. Anissa Kendil surprend par sa manière d'écrire en touchant le cœur et l'âme des hommes. D'une extrême sensibilité, et d'une grande pondération, ses odes mâtinées d'espoir, de douleur, et de souffrance traduisent ses ressentis tantôt plaisants, tantôt tristes. Ses états d'âme selon les circonstances témoignent de sa grande réflexion, de sa profondeur d'analyse et de son sens critique. De ses odes suintent une énergie et une vivacité d'observation. Son recueil de poèmes avec comme thématiques centrales la vie, l'amour les sentiments, se résume dans cette citation de René Char «Lucidité ma blessure». Au-delà des mots tantôt lénifiants, souvent violents suintent des germes de sédition de toute femme algérienne face à une société machiste et castratrice. Une passionnée de poésie Rebelle et révoltée ? Anissa l'est à ses moments ! Malgré son affabilité, sa douceur et son urbanité l'emportent sur ses exaspérations passagères. Ses poèmes sont son refuge où, elle s'y love à souhait ; comme le préconise Nadine Gordimer : «La poésie est à la fois une cachette et un haut-parleur.» Sa passion de la poésie remonte à son adolescence inspirée par les écrits des surréalistes et du dadaïsme avec Max Ernst et André Breton qui était en vogue. Ayant baigné dans un milieu familial propice à la culture et à lecture ; «ma mère me lisait les contes d'Andersen et l'alphabet à trois ans». Ses premières odes sont offertes à sa mère avec laquelle s'était tissé un lien épistolaire puisque celle-ci était loin. «Mon écriture est une sorte de refuge ; le rapport humain n'est pas comme je le pense, il est difficile, il y a un problème d'incommunicabilité et pas d'interlocuteur. C'est aussi un moment de détente, de concentration, où je me retrouve», dit elle. A ce sujet, Anissa, très imprégnée par les ouvrages de l'écrivaine américaine Anaïs Nin dont elle a dévoré sa correspondance avec Henry Miller, tient un journal intime ou elle y note «des choses réalistes quotidiennes et reposantes pour l'âme ainsi que mes rencontres avec les gens». Anissa est-elle une Anaïs Nin version algérienne ? Qui sait ? A la question pourquoi des odes ? La poétesse déclare: «Ce sont des poèmes d'actualité, et j'avais envie de rendre hommage aux personnes qui nous manquent et à toutes les couches de la société.» L'offensive Le titre Paroles de feu est offensif et interpelle. Anissa avoue qu'il a une signification double : «Je faisais référence aux quatre éléments de la terre, notamment le feu qui est l'énergie sur terre et la lumière qui éclaire quand on est dans l'obscurité totale. Et à Prométhée, le feu qui symbolise l'espoir.»Dans sa prolifique production poétique, Anissa envisage un autre genre littéraire qu'elle affectionne particulièrement notamment le roman. «Un projet de roman en cours dont la thématique graviterait sur la perception de la société algérienne, du rôle de la femme, des problèmes relationnels entre homme et femme et de l'enfance ; il sera intemporel» affirme-t- elle Il est à noter qu'Anissa Kendil après un cursus scientifique a eu en poche un baccalauréat lettres pour faire plaisir à sa mère et a poursuivi cette voie avec une licence es lettres françaises dont elle a été la première de sa promotion. Assurément ! Lorsqu'on voit ses brillants écrits ! Et sa parfaite maîtrise de la langue de Voltaire. Après quelques passages à la radio Chaîne 3 comme chroniqueuse littéraire et au ministère de la Culture en qualité de conseillère en muséologie, elle a intégré divers organes en qualité de journaliste et de collaboratrice. En lisant ce recueil Paroles de feu, on comprend aisément les incertitudes et les désillusions de toute femme et homme vivant en Algérie. A lire expressément ; même les machos s'y retrouveront !