C'est un recueil de poèmes pathétiques et émouvants de Khadra Latrache dans la collection Envolée poétique qui vient de paraître récemment aux éditions Nounou. Ces odes attendrissantes et intimistes rappellent cette maxime de Omar Khayyam «l'amour qui ne ravage pas n'est pas l'amour» et Khadra Latrache l'a compris peut-être à ses dépens ? Toujours est-il que de sa hauteur de vue et de son analyse profonde, ses vers sont d'une extrême intensité et d'une époustouflante verve. Mélancoliques et tristes, ses poèmes racontent une ou des histoires d'amour. C'est une jolie métaphore, tristounette de l'amour avec ses dangers, ses luttes, ses tempêtes, ses accalmies et ses fureurs de vivre et de mourir. C'est aussi un tendre tableau d'exultations, de gaieté et d'emballement. L'écriture est un exutoire Des vers de Khadra Latrache suintent toute la sensibilité de son être et de son âme, une âme tantôt allègre, tantôt éplorée. C'est un cri qui sort des entrailles et du cœur pour dire l'essentiel des sentiments profonds. En témoignent ces odes empreintes de passion «J'ai fait de ton cœur ma maison, De tes bras tu as fait la clôture, La passion a détruit ma raison Qui m'a longtemps servi d'armure Cet air de paradis que je hume Mélangé à ton parfum Et mon monde se résume aux frontières de tes reins, Le plus beau des sorts dans la vie d'une femme C'est d'accoster au bon port Auprès de quelqu'un qu'elle aime.» Le recueil L'enfer des anges se lit avec ardeur. Avec ferveur ! Quoi de plus beau et d'essentiel dans la vie, si ce n'est l'amour qui se conjugue à tous les temps. Un amour pur et sincère. Mais existe-t-il réellement ? Semble dire cette poétesse à la fibre extrêmement sensible. De ses amitiés contrariées et de ses amours déçus et meurtris, Khadra semble se délivrer de ses déconvenues et de ses désappointements. Pour moi, «l'écriture constitue un exutoire», dit-elle. Encouragée par sa famille, elle avoue que «mon père et ma sœur m'exhortent même si mon père a été un peu surpris par certains vers un peu osés et audacieux pour notre société traditionnelle». Après un baccalauréat sciences en poche, elle fait une incursion dans le monde professionnel, notamment bancaire où elle exerce depuis huit années en qualité de cadre et de déléguée syndicale à la Badr Alger. Native de Bou Saâda, cette jeune femme au calme olympien et à la délicatesse et à la douceur a entamé son aventure dans les belles lettres depuis son adolescence. «J'écrivais des lettres d'amour pour mes amies à leurs copains», souligne-t-elle. Son rêve de jeunesse ? Devenir journaliste. Un destin quelque peu contrarié pour des raisons familiales. Certes pas vraiment ! «Puisque le matin, je suis avec les chiffres et le soir avec les mots», dit-elle avec enthousiasme. Son aventure poétique prit forme dernièrement. De passage à la librairie Mille-feuilles, elle demanda au gérant M. Sakhri l'adresse d'un éditeur. Ce dernier qui caressait ce projet depuis quelques années lui édita ses premiers poèmes avec deux autres poétesses d'où la naissance du recueil Trois femmes autour d'un verre en février 2008 puis une autre expérience littéraire avec la revue Visions d'Algérie où elle excella dans un reportage sur la ville d'Etienne Dinet. De beaux poèmes en arabe Poursuivant cette voie qui lui procure du plaisir, elle a écrit un autre recueil de poèmes en langue arabe classique intitulé Bavardages de femmes. Avec la poésie, elle sonde les tréfonds de son âme tourmentée, les replis de son cœur et les brisures de mémoire qu'elle se livre sans ambages et à satiété. Dans le registre des projets ? Un roman en préparation sur l'histoire d'une femme qui cherche son destin. Avec beaucoup d'affabilité, elle explique : «C'est une saga de femme comme moi.» Sans se départir de sa pondération, Khadra en romantique et en rêveuse tente de convaincre qu'«il faut croire en ses rêves aussi impossibles qu'ils soient», dit-elle déterminée. Dans ses poèmes, elle se raconte avec une élégante introspection qui sied aux vraies sensibilités et aux plumes de talent et nous offre un joli moment d'amour et de fortes émotions. Ces mots réalistes, pleins de vigueur disent la vie dans toute son ampleur et sa démesure. Cette poétesse qui poursuit son bonhomme de chemin tente de transcender ce monde hideux par la poésie. Ne dit-on pas «Qu'un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle».