Auteur et éditeur, François Nkeme est un écrivain prolifique dont les nouvelles et romans racontent une Afrique en mutation. Le cimetière des bacheliers, Hôtel plaisir, On ne décore pas les petites gens, témoignent d'une société en phase avec la modernité et en proie avec la tradition. Dans cet entretien, Nkeme, qui assiste pour la quatrième fois au Sila, évoque avec passion son aventure littéraire qui a débuté avec son engouement pour la bande dessinée. D'une grande conscience politique, et avec beaucoup de lucidité, il dit avec discernement les problèmes de cette Afrique riche, féconde et exubérante. Le Temps d'Algérie : Comment avez-vous investi le domaine de la littérature ? Francois Nkeme : C'est par la lecture que j'ai conquis le domaine de la littérature. Etant enfant, je lisais de la bande dessinée qui a aiguisé mon appétit pour la littérature. De ma formation d'éditeur (école des éditeurs à Yaoundé), je suis passé à l'écriture. Quelles thématiques appréhendez-vous dans vos écrits ? C'est le monde à cheval entre la tradition et la modernité dont les gens ont perdu leurs repères. Je raconte ces chroniques où l'animisme est en concurrence avec la chrétienneté. Les valeurs ancestrales de la civilisation moderne sont rapportées à travers ces nouvelles. C'est ce quotidien que l'on n'arrive pas à classer qui est fait d'interactions entre la modernité et la tradition. Avez-vous été inspiré par des auteurs africains et européens ?
J'ai subi l'influence du Camerounais Mongo Beti et dans le monde c'est Zola, Hugo, et les écrivains russes comme Tolstoï, Tchekhov qui m'ont apporté cette ouverture au monde et dans un second temps il n'y a qu'un seul monde. Si les auteurs russes pouvaient me toucher, donc mes nouvelles peuvent aussi être comprises par les autres. On peut transposer et l'on s'aperçoit que la réalité humaine est la même partout et que les hommes ont les mêmes préoccupations. Quels sont vos projets ? J'écris un livre intitulé L'ami du roi. C'est le regard sur les vassaux et larbins qui font tout pour rester au pouvoir comme les gouvernants africains. Entretien réalisé