Le théâtre serbe s'est invité dimanche soir à la salle Boubekeur-Mekhoukh du théâtre régional de Béjaïa, Malek-Boughermouh, dans le cadre du 7e Festival international du théâtre de Béjaïa, avec une pièce intelligente contre les guerres, riche en beauté et en subtilité. Aleksandra Manasijevic et Marina Dimetrievic ont écrit et réalisé Cabaret contre la guerre, en une année. En effet, depuis leur participation l'année dernière au Festival international du théâtre de Béjaïa, elles ont eu un coup de cœur pour cette ville et ont voulu y revenir avec une pièce de théâtre, ou plutôt un hymne à la liberté. Cette pièce est un appel à ceux qui provoquent des guerres dans leurs régions en Serbie et partout ailleurs dans le monde. Ces deux très belles comédiennes se présentent sur scène vêtues de belles robes rouge vif. Elles illuminent de suite la petite salle Boubekeur-Mekhoukh. Dans cette ambiance intimiste relevée par les lumières tamisées et une musique classique modernisée à l'occasion, avec la mélodie d'Idir Avava Inouva, le récit des deux femmes prélude une belle surprise. Bien qu'elles s'expriment dans leur langue natale serbe, l'expression de leurs corps à travers des gestes d'une finesse exquise ont pu atteindre facilement le public. Tantôt elles chantent, tantôt elles courent et se déplacent sans cesse sur scène. Aleksandra Manasijevic est aussi une actrice de cinéma et une star en Serbie. Elle a écrit le texte en intégralité. Marina Dimetrievic, excellente comédienne de théâtre a fait la mise en scène et la musique de la pièce. Karakondzule ou la personnification de la guerre Karakondzule en serbe ou Cabaret contre la guerre, est un clin d'œil aussi aux êtres mythologiques. Il renvoit au nom d'un démon nocturne qui vit dans les ténèbres dans la croyance populaire bulgare, macédonienne et serbe. Ces démons apparaissent la nuit pour attaquer et torturer physiquement et mentalement les gens. Une personnification de la guerre pour Cabaret contre la guerre. Cependant, une question s'impose d'elle-même, pourquoi une pièce contre la guerre avec le titre Cabaret ? Marina Dimetrievic nous explique qu'il y a deux sortes de Cabarets dans la culture théâtrale. «Il y a le Cabaret connu qui témoigne l'humour et d'autres formes d'expression, et il y a aussi le Cabaret engagé qui défend les causes culturelles et politiques.» «Le message qu'on a voulu faire passer à travers cette pièce écrite pour le FITB, est que toutes les formes de guerre sont inacceptables et que la soumission est un choix», a expliqué Aleksandra Manasijevic, lors du point de presse qui a suivi la présentation. Elle dira aussi que cette pièce est un témoignage de solidarité avec les peuples opprimés. «Ce n'est pas parce que notre pays n'est pas en guerre que nous ne soutenons pas les pays et peuples qui meurent tous les jours dans le monde.» Le public n'a pas pu retenir ses larmes à la fin du spectacle. L'actrice algérienne Nadia Talbi a remis des bouquets de fleurs aux deux comédiennes restées en larmes sur scène n'ayant pas pu retenir leurs émotions face à l'accueil du public. Le commissaire du festival Omar Fetmouche a récompensé les deux comédiennes avec une attestation honorifique du festival décerné à chaque fin de représentations.