La Safex (Pins Maritimes), ne résonneront plus des mots et de la verve des auteurs qui ont marqué de leur présence ou pas, la 20e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila) qui a eu lieu cette année du 29 octobre au 7 novembre. Deux décennies après sa création, le Sila aurait dû connaître une célébration sans pareil cette année. Pourtant, les choses ne sont pas passées comme probablement elles auraient dû l'être. Beaucoup d'auteurs de renom n'ont pas répondu à l'appel du Sila. Des écrivains comme Yasmina Khadra et Boualem Sansal, qui n'ont de cesse de rehausser l'image de la littérature algérienne dans le monde, ont refusé d'y participer. Pour la première fois, Yasmina Khadra n'a pas brillé de son verbe acéré et acerbe à l'encontre du public et particulièrement des médias algériens qui, selon lui, n'ont jamais été à la hauteur pour répercuter son génie de création. Sa personnalité atypique a manqué pourtant face à ses nombreux ouvrages posés sur les étals de Casbah Edition ou encore de Sedia. Boualem Sansal, lui, n'est jamais venu et ne viendra jamais tant il sait que beaucoup ne lui pardonnent pas sa liberté d'expression. Rachid Boudjedra, l'auteur de L'hôtel St George, a carrément fait faux bond aux organisateurs. La conférence qu'il devait animer à la salle Sila au pavillon C, a été tout bonnement annulée pour une histoire, selon Youcef Sayah, d'embouteillage. Youcef Sayah avait par ailleurs précisé que Boudjedra restait injoignable par téléphone. Quelques jours plus tard, Boudjedra révélait dans les colonnes d'un quotidien arabophone que personne des organisateurs ne l'avait invité à participer au Sila. Que ces derniers préféraient mettre en valeur des auteurs venus de l'étranger ! Au-delà, il n'y a pratiquement qu'Anouar Benmalek, Wassiny Laarej… autant dire les habitués du Sila, qui ont accepté de figurer parmi les intervenants du salon. Beignet, pâtisserie, un business florissant Au premier plan, lorsqu'on arrive à l'esplanade de la Safex, le spectacle de ces centaines de personnes en train de déguster un sandwich, une glace, des boissons, des beignets et pâtisseries en tout genre, est tout de même percutant. Comment envisager d'inscrire le un million et demi de visiteurs du Sila, lorsqu'on constate que ces familles et autres considèrent la Safex comme un lieu comme un autre pour passer le week-end sans forcément sortir d'Alger. Mais le plus choquant est probablement l'opportunisme qu'affichent ces commerçants de circonstances. Loin de s'en faire pour les bourses des Algériens, ils triplent les prix de leurs produits sans aucun scrupule. La bouteille d'eau minérale en petit format est passée à 50 DA. Le beignet à 100 DA, le café à 50 DA, le sandwich de base à partir de 250 DA, la canette de soda à 100 DA, la mini gaufre à 200 DA,… et cela ne fait qu'augmenter. Après cela, la question d'acheter des livres est vite réglée.
Le Sila, un espace fumeurs La journée la plus difficile, celle où la foule s'est emparée des pavillons de la Safex, est probablement celle du 1er novembre. En effet les trois parkings de la Safex avaient affiché complet à partir de 9h. La foule compacte avait du mal à évoluer, en particulier dans le pavillon C. Certains avaient carrément du mal à respirer. Le manque d'aération, la climatisation inexistante mais le pire dans toute cette affaire est qu'aucune interdiction ne vient stopper les fumeurs au cœur des pavillons. Autant les exposants que le public fument le plus normalement dans un espace où l'air conditionné n'est pas du tout adapté. Signalisation caduque… Le Sila continue de souffrir d'un manque flagrant de signalisation et d'indication permettant au visiteur de trouver rapidement le stand ou l'espace où il voudrait se rendre. Cependant, les premiers à en pâtir demeurent les exposants. Au stand Hachette Eco, le responsable dit en avoir marre de passer ses journées à montrer quelle direction aux gens pour tel ou tel stand. Ce dernier regrette que des indications en codes couleurs et en hauteur n'aient pas été prévus par les organisateurs pour éviter aux visiteurs une perte de temps mais surtout une fatigue inutile dans une atmosphère souvent irrespirable. Le Sila 2015, c'est fini ! Les 910 exposants dont 290 maisons d'édition algériennes et 620 exposants étrangers qui représentent 47 pays issus des quatre continents, sont repartis. La France, ses auteurs, éditeurs et contributeurs ont été les invités d'honneur de cette manifestation placée sous le slogan «20 ans à la page». En effet, une page est tournée après ses vingt années, beaucoup de choses restent à faire pour rehausser au plus haut, l'organisation de cet événement culturel, le plus grand et le plus cher en Algérie.