Pour une fois qu'un pays accorde des visas en nombre acceptable aux Algériens, voilà que son consul à Alger suscite le courroux de l'opposition qui y a vu une affaire louche. On sait que l'opposant qui est monté au créneau dans cette histoire pour revendiquer une enquête sur cette inhabituelle générosité envers les Algériens est un opposant nationaliste. Du point de vue des traditionnels positionnements politiques, ce n'est donc pas une surprise, à Malte ou ailleurs, surtout quand on sait que c'est la gauche travailliste qui est aux affaires dans ces îles méditerranéennes. Mais l'opposition maltaise est dans son rôle et personne ne peut lui reprocher de faire son travail. Quand bien même sur le fond elle le fait sur un thème qui relève plus de considérations idéologiques. Parce que sur la question proprement dite, le Premier ministre n'a pas manqué d'arguments pour expliquer l'augmentation du nombre de visas accordés aux Algériens entre 2014 et 2015 dans ses réponses aux députés qui l'interpellaient. Une nouvelle ligne aérienne entre Malte et Oran qui s'ajoute à celle déjà existante avec Alger et puis une proportion de… refus des visas proche des 50%, ce qui en fait l'un des taux les plus élevés d'Europe. Gauche travailliste ou pas, il est tout de même troublant qu'on s'explique sur le nombre de visas accordés aux Algériens par la proportion de… refus. Il paraît qu'en dépit de la «générosité» du consul maltais qui a provoqué l'ire de l'opposition nationaliste, Alger avait à maintes reprises sollicité plus de visas de ce petit archipel qui, en tant que tel, ne doit pas être une destination de rêve pour les Algériens qui n'ont pas la réputation de voyager pour découvrir le monde mais plutôt pour y rester. Nous y voilà donc. Malte n'est pas la destination de rêve pour les Algériens mais c'est tout de même une halte intéressante. En tant que pays de l'espace Schengen, son visa ouvre toutes les portes de l'Europe pour des voyageurs qui savent qu'on ne peut pas soupçonner de ne pas savoir ce qu'ils veulent et comment y parvenir. Parce que dans la montée au créneau du numéro un travailliste, il y a certes de l'idéologie mais il y avait aussi de quoi étayer concrètement sa dénonciation. Comme ces avions d'Air Malta qui partent bondés d'Alger et y reviennent quasiment vides ! Et comme un argument en appelle toujours un autre, le brave et généreux consul mis en cause pour son passage à Alger serait un cousin du Premier ministre ! Des visas dont le nombre augmente étrangement à une période donnée, des avions qui partent pleins et reviennent vides, et vraisemblablement des Algériens introuvables au pays de leur «destination», puisqu'ils continuent vers des contrées qui les font plus rêver. Ce n'est jamais net, quand les compatriotes voyagent et ça se sait un peu trop vite. Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.