C'est d'un recueil pathétique et émouvant intitulé «Symphonie d'agonie» que nous gratifie la poétesse Sabrina Bahatte-Djabali. Ce recueil, édité à l'Enag avec le soutien du ministère de la culture dans le cadre de Constantine, capitale de la culture arabe 2015, donne un aperçu du lyrisme de Sabrina qui évoque ce qui la touche. Avec une sensibilité à fleur de peau, Sabrina a fait un tour d'horizon en appréhendant diverses thématiques liées à la société dans laquelle elle vit. Certaines odes sont optimistes, d'autres plus sombres et traduisent un mal-être et des inquiétudes au sujet de la société. A travers ses poèmes, Sabrina nous interpelle par son questionnement idoine. Elle se chagrine de voir le délitement de sa société et la perte de valeurs. Cette mutation sociale lui fait mal et voit en «l'homme un loup pour l'homme», selon la formule si chère au philosophe Thomas Hobbes. Avec d'innombrables titres, dont Humeur noire, L'ennui, Liberté, Conscience et La vipère sacrée, la poétesse a fait un tour d'horizon et quantifié toutes les préoccupations de la société. Face à tant de désagréments, de problèmes et d'incertitudes, Sabrina trouve refuge dans la poésie. En témoignent ses belles odes «Cher lecteur , le temps est un maître vorace, Qui dans tous les recoins de ta carcasse, Laisse un baiser, une trace, Cher lecteur , L'amour est un fouet Impitoyable et muet, Qui égorge ton printemps sans pitié, Cher lecteur, La poésie est une fosse, Sans extrême, si profonde, si creuse, Où vivent tes seuls compagnons, La solitude et la peine, Où la douleur est une reine». Sensibilité De ses appréhensions et de ses doutes engrangés, il ressort des poèmes reflétant sa triste et efflorée pensée. Sans tomber dans le pessimisme, ses odes se déclinent dans une grande lucidité et clairvoyance. Sabrina Bahatte-Djabali se dévoile dans Symphonie d'agonie où elle consigne toutes ses frayeurs et craintes. Elle dit avec émotion ce qui la tourmente. En préface, elle mentionne deux citations dont celle de Baudelaire : «Vivre est un mal, c'est un secret de tous connu», et d'Aragon : «Le monde est là ? Nous sommes part de sa souffrance bon gré mal gré». A l'évidence, l'auteure semble porter comme charge, la vie avec toutes ses vicissitudes. Un recueil appréciable par sa profondeur d'analyse et son degré de sensibilité.