L'Algérie, longtemps orientée vers le Nord dans sa coopération économique, serait à même de réaliser ses défis et ses ambitions en se tournant vers l'Afrique, ce vaste continent qui abrite plus de cinquante pays et où habitent 16 % de la population mondiale. S'il est de notoriété publique que les marchés de certains pays africains sont sous l'emprise des entreprises occidentales, toutefois, les initiatives prises par de nombreux hommes d'affaires de pays asiatiques ont démontré que les pays africains sont ouverts aux investissements de toutes nationalités. L'explication est que le continent africain, en sus de ses ressources naturelles exceptionnelles, continue d'enregistrer, depuis quelques années, des taux de croissance annuels du PIB très appréciables. Plusieurs secteurs d'activité sont sous exploités. On peut citer celui du BTPH, du transport, en sus du traditionnel secteur de l'énergie. Les chiffres relatifs au volume du commerce intra-africain montrent qu'il y a de la place pour les entreprises algériennes voulant investir dans ce continent. En effet, le commerce intra-régional représente 70% en Europe, 50% en Asie, 22% en Amérique latine et seulement 10% en Afrique. Principale organisation patronale du pays, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) l'a bien signalé lors de la tenue de la 8e édition, à Dakar, du Forum des opérateurs pour la garantie de l'émergence économique en Afrique (Fogeca). Son président, Ali Haddad, n'a pas caché son espoir d'exploiter ce créneau ou, en d'autres termes, ce gisement, mais aussi rattraper le retard enregistré. «Nous accusons un retard considérable. Nous avons besoin de dégager des perspectives nouvelles à l'intérieur du continent aussi bien en termes d'échanges commerciaux qu'en termes d'investissements car l'immense potentiel d'intégration dont dispose l'Afrique reste quasiment inexploité», a fait savoir Ali Haddad qui ajoute que «le socle d'une économie africaine peut être constitué par la construction d'alliances stratégiques et de partenariats entre les entreprises africaines». L'ambition de développer la coopération entre les pays africains a été déjà affichée par les différents chefs d'Etat. Les initiateurs du Nepad, dont le président Abdelaziz Bouteflika, n'ont pas manqué de mettre en œuvre les différents mécanismes pouvant mobiliser les diverses ressources intérieures. A Alger, la visite en 2015 de plusieurs responsables africains dont, au moins trois présidents africains (Sénégal, Tchad et Niger), en sus de l'aspect politico-sécuritaire, a eu son lot «d'affaires et de coopérations économiques bilatérales». Si traditionnellement, quelques entreprises algériennes sont déjà présentes sur ce continent, les choses commencent à «s'institutionnaliser». L'année en cours, deux comptoirs commerciaux ont été lancés afin de mieux aider les entreprises algériennes exportatrices dans le processus de prospection des marchés africains. Ainsi donc, l'annonce, mercredi dernier, de l'ouverture dès janvier prochain d'un comptoir commercial algérien à Douala, la métropole économique camerounaise, après le lancement, le mois d'avril dernier, d'une représentation similaire à Abidjan (Côte d'Ivoire), fera de l'Afrique la nouvelle destination pour les exportateurs algériens hors hydrocarbures.