Après avoir été interpellé par le Parlement de son pays sur une affaire de visas accordés aux Algériens, le Premier ministre maltais veut se racheter en faisant le déplacement à Alger pour parler business. Pour justifier cette «générosité» et se faire pardonner par l'opposition, Joseph Muscat s'est rendu hier à Alger à la tête d'une délégation d'une trentaine d'entreprises dont le but, avoué, est de leur permettre de faire des affaires avec leurs pairs algériens. Pour mieux réussir le coup, un forum d'affaires algéro-maltais, en bonne et due forme, a d'ailleurs été organisé à l'hôtel El-Aurassi par le ministère de l'Industrie et co-présidé par les Premiers ministres des deux pays. Rencontrés sur place, les participants algériens, qui ne sont d'abord pas convaincus de ce qu'un petit pays comme Malte peut apporter à l'Algérie, se sont vite rendus compte qu'ils sont finalement conviés pour faire dans la figuration. «On ne sait même pas pourquoi on nous a demandé de venir, puisqu'au final, nous n'aurons pas l'occasion de discuter avec les hommes d'affaires maltais, tellement nous sommes nombreux et eux en petit nombre», a regretté un opérateur national public activant dans la métallurgie. Même si on s'abstient à ne pas avouer les réelles motivations d'un tel déplacement, il y a des signes qui ne trompent pas. Dans son allocution, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a rappelé que la commission mixte algéro-maltaise ne s'était pas réunie depuis 1988. Une déclaration qui laisse penser qu'il y a anguille sous roche. Car si les deux parties s'étaient «ignorées» 27 ans durant, le fait de se redécouvrir les attraits économiques des uns et des autres dans une conjoncture pareille est loin d'être fortuit. L'autre preuve de la faiblesse des relations économiques entre Alger et la Valette a été apportée par la représentante du FCE. Selon Nacéra Haddad, les échanges commerciaux entre l'Algérie et Malte étaient en 2012 de l'ordre de seulement 300 millions de dollars. Avant la rencontre d'hier, Sellal s'était rendu la semaine passée à la Valette où il a représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet UE-Afrique consacré à la question migratoire. Pour rappel, le parti nationaliste (opposition de centre-droite) a réclamé du Premier ministre travailliste, Joseph Muscat, des explications sur le nombre jugé trop élevé de visas Schengen délivré à des ressortissants algériens par le consulat de la République de Malte à Alger. Selon le journal The Malta Independant qui a révélé cette affaire, un total de 7000 visas ont été délivrés en l'espace de 18 mois par ce petit Etat insulaire, ce qui a révélé les soupçons de l'opposition. A en croire le parti nationaliste, une fois arrivés à bon «aéroport», les Algériens se servent de Malte comme un point de passage avant de continuer leur périple vers d'autres pays européens, appelant ainsi le gouvernement à enquêter sur le consulat de Malte en Algérie et ses pratiques. Pis encore, le membre du parti d'opposition, Beppe Fenech Adami, fils de l'ancien président de la République Edward Fenech Adami, accuse le Premier ministre de vouloir camoufler l'affaire dans la mesure où le consul accrédité en Algérie pendant cette période (printemps 2014 à automne 2015), du nom de Robert Falzon, n'est autre que son cousin. Depuis quelques jours, un nouveau consul a été installé en Algérie. Ce nouveau diplomate pourra-t-il calmer la tempête provoquée par son prédécesseur ? Sellal à propos d'un partenariat «renforcé» Algérie-Malte«La volonté politique commune existe» Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a exprimé, hier à Alger, la volonté politique de l'Algérie et de Malte de bâtir un partenariat de coopération «renforcé basé sur l'amitié et des intérêts mutuellement avantageux». «La rencontre d'aujourd'hui témoigne de la qualité de nos relations bilatérales ainsi que de notre volonté politique commune de bâtir, avec ambition, un partenariat de coopération renforcé basé sur l'amitié et des intérêts mutuellement avantageux», a indiqué Sellal dans une allocution prononcée lors d'une réunion avec son homologue maltais, élargie aux délégations des deux pays. Le Premier ministre, qui s'est félicité de la «progression» des échanges commerciaux enregistrée, ces dernières années, entre les deux pays, a souligné, toutefois, que le niveau de ces échanges «reste en deçà des objectifs ambitieux que nous voulons assigner à notre coopération, particulièrement au regard de l'importance des opportunités d'investissement et d'affaires qui existent entre nos deux pays».