Le ministre des Finances s'est montré hier très à l'aise et sûr face aux députés de l'APN. Présentant les grandes lignes du projet de loi de finances 2016, Benkhalfa a décliné des chiffres plutôt optimistes, notamment le matelas des réserves de change qui permet à l'Algérie de couvrir ses besoins pendant trois ans. C'est devant une assistance nombreuse, contrairement aux précédentes séances, que le premier argentier du pays a défendu les décisions financières du gouvernement prises pour l'exercice 2016. A aucun moment, le ministre des Finances n'a affiché un signe de faiblesse. Maîtrisant parfaitement son sujet, il a voulu convaincre jusqu'au bout son auditoire. Et pour ce faire, il assure que les augmentations de certains impôts prévus dans le cadre du projet de loi de finances 2016 (LFC) ne toucheront pas les couches défavorisées. Abderrahmane Benkhalfa a même lancé un chiffre nouveau parlant de «2 millions de familles qui ne seront pas concernées par la hausse des prix de l'électricité». Le ministre persiste et signe que le maintien de la politique sociale de l'Etat «est une ligne rouge à ne pas dépasser». Le gouvernement consacre d'ailleurs, a-t-il soutenu, «1840 milliards DA pour les transferts sociaux en 2016». La LFC 2016 propose de relever le taux de la TVA pour passer de 7% actuellement à 17% sur l'électricité lorsque la consommation dépasse les 250 kilowatt-heure/trimestre et sur la vente de gasoil et le gaz naturel lorsque la consommation dépasse 2500 thermies/trimestre. Dans son intervention, le ministre a laissé entendre que ce sont cependant ces prix qui peuvent augmenter à l'avenir. Mais ce seront des «augmentations progressives», a-t-il prévenu. Pour lui, ces hausses sont «justifiées» par le fait de «limiter le gaspillage du gasoil qui est un carburant importé, de réduire le différentiel prix de cession/consommation et de mettre fin au mouvement important de sa contrebande». Ceci s'inscrit aussi dans le souci d'atténuer, a-t-il ajouté, le différentiel prix de cession/consommation pour le gaz et l'électricité. Le ministre a estimé que la révision à la hausse de certaines taxes est «inévitable». «Quel que soit le prix du pétrole, les tarifs de l'électricité, du gaz, de l'essence et du gasoil seront révisés pour l'intérêt du pays», a-t-il soutenu. Le gouvernement a eu recours à ces dispositions «pour soutenir les entreprises, arrêter le gaspillage et protéger l'environnement», a-t-il argué. «Sans ces taxes, des entreprises nationales seront déficitaires et en proie à la liquidation», a-t-il averti. Une capacité d'importation de 23 mois Le ministre a annoncé, par ailleurs, que les réserves de changes ont connu une baisse. Elles ne sont plus que de 151 milliards de dollars à cette fin d'année 2015 et elles seront de 121 milliards de dollars à la fin de l'année 2016. Il tente néanmoins de rassurer les parlementaires en soulignant que même à 151 milliards de dollars, les réserves restent conséquentes. Le montant permettra au pays, selon le ministre, de faire face à la baisse des cours mondiaux du pétrole, qui s'est traduite par une diminution de moitié des recettes en devises en 2015 par rapport à l'année précédente. A fin 2016, il y aura encore de quoi tenir 23 mois, a-t-il poursuivi. «Les 121 milliards de dollars couvriront largement les importations de l'Algérie pendant 23 mois», a-t-il assuré.