Pour la treizième année consécutive, le festival international de jazz, Dimajazz, a ouvert ses portes vendredi et se poursuivra jusqu'au 3 décembre prochain. Il se tient pour la première fois, à la salle Ahmed-Bey (Zénith) de Constantine. La capitale du malouf troque pour la treizième année, et durant une semaine, le luth et le mandole contre le saxophone, le piano et la batterie... Le Dimajazz, a su, au fil des années et grâce à une bonne organisation et une équipe jeune qui ne tarit pas de créativité et d'ambition, insuffler la culture de la black music aux mélomanes constantinois. Les 3000 places de la salle Ahmed Bey étaient toutes prises pour la soirée d'ouverture. En effet, cette salle archicomble témoigne de la fidélité du public qui ne rate plus le Dimajazz. Malgré une température ayant atteint les 5 degrés Celsius lors des files d'attente aux portes du Zénith, le public venu des quatre coins du pays tenait à participer à cette belle soirée d'ouverture. «Cela fait huit ans que j'assiste au Dimajazz ; pour moi c'est un rendez-vous incontournable et le best festival d'Algérie», nous dira Nazim, 34 ans, chirurgien dentiste et batteur à ses heures, venu d'Oran. «Ce festival est un grand acquis pour nous, Constantine est la vitrine du jazz en Algérie ; c'est tout à notre honneur et à notre bonheur, nous diront unanimement un groupe de jeunes habitués du DimaJazz. «Après 13 années, on est fier de voir une salle telle que le Zénith archicomble, on est ravi d'accueillir tout ce public. 13 ans d'efforts et de travail acharné pour témoigner de notre amour du jazz, de la musique. Ce langage universel né en afrique et ayant prospéré en amérique et en europe est revenu aux portes de l'Afrique, l'Algérie. Cette édition est très spéciale, elle est dédiée à notre très cher ami, le défunt Aziz Djemame, ainsi qu'à nos frères palestiniens», dira le commissaire de la manifestation, Zoheir Bouzid, lors de son allocution de bienvenue en présence des responsables des collectivités locales et du wali de Constantine. Hommage à Aziz Djemane «Cela fait déjà 10 ans que ceux qui t'aiment vivent dans ton absence ; je m'associe à la douleur de la famille, ton souvenir restera à jamais gravé dans mon cœur ; nous t'aimons et te remercions pour ce bel héritage», dira avec beaucoup d'émotion Karim Ziad au début du concert qu'il dédie au regretté Aziz Djemame, disparu il y a déjà 10 ans, membre fondateur de l'association Limma qui a donné naissance au Dimajazz. Sous les lumières tamisées de la salle Ahmed-Bey, Karim Ziad fait une entrée majestueuse sous un tonnerre d'applaudissements. Composé de trois parties, le concert qu'il a donné a vu la participation de quatre de ses amis, à savoir le guitariste N'guyen Le, le claviériste Bojan Z, le saxophoniste Julien Loureau et le bassiste Michel Alibot avant l'arrivée du cinquième, Maâlem Hassen Boussou, avec lesquels il a partagé de bons moment musicaux. Il est utile de souligner que Hamid El Kasri, qui devait aussi participer au concert, a eu un grave accident de voiture. Nesraf, un morceau qu'on retrouve dans Ifrikya, le premier disque de Karim Ziad, a ouvert le concert et a tout de suite donné le tempo de la soirée. Le traditionnel gitan et dan- lidje, Zeven de Bojan Z, Un demi-agneau et deux caisses de Hamoud Boualem qui est à l'origine Un demi-porc et deux caisses de bière de Julien Loureau, ont ravi le public resté timide en début de soirée. Les notes subtiles de piano hautement exécutées par Bojan Z témoignent de son immense talent et de son professionnalisme en l'absence d'un piano acoustique. Le saxophone endiablé et insolant de Julien Loureau a truffé la soirée de folie sucrée aux accents rock et gnaoui. La deuxième et troisième partie de la soirée se sont enchaînées crescendo avec Alibot et N'guyen qui hissent la température de la soirée encore plus haut avec Zig Zag, de N'guyen Le. Slage 11-4….Tantôt grave tantôt subtile, tantôt fin tantôt dramatique, relevé par une fraîcheur et une pêche contagieuse, les spectateurs n'ont pas résisté longtemps avant d'exhiber leur talent de danseurs. La qualité du son était par ailleurs d'une qualité irréprochable comme en témoignent les régisseurs et les ingénieurs présents qui «n'ont pas eu besoin de retravailler le son avant de le diffuser». Une formation exclusivement réalisée pour le Dimajazz Pour clôturer le concert en apothéose, Maâlem Hassan Boussou rejoint l'équipe de musiciens. Goumbri à la main, Hassan Boussou enflamme de suite la salle avec Aicha ou Aouicha. L'ambiance atteint son sommet avec un public qui s'est bien défoulé ensuite avec la partition d'un groupe de Aissaoua constantinois mené par Ahmed Benkhelaf. Batterie et guitare basse se sont associées avec bendir et flûte dans une ambiance qui a alterné avec bonheur les «Ibtihalate». Les deux groupes qui battaient la mesure à tour de rôle, et parfois en même temps, ont rivalisé pour donner plus d'âme et de vibration à leur prestation devant un public qui n'a pas attendu pour entrer en transe. «L'idée d'introduire le chant aïssaoua était venue du commissaire du festival, Zouheir Bouzid, a souligné Karim au cours d'une conférence de presse organisée après le spectacle. «Ce concert, vous ne le verrez pas ailleurs, car on l'a préparé spécialement pour le Dimajazz. On a beaucoup répété avec Hamed El kasri des morceaux de gnaoui, souhaitons-lui un prompt rétablissement». Dédiée à la Palestine dont une délégation a assisté à la soirée d'ouverture, la treizième édition du festival international Dimajazz se poursuivra jusqu'au 3 décembre avec un menu très prometteur qui propose, entre autres, Alpha Blondy, interprète de l'inoubliable (et indémodable) Sweet Fanta Diallo, China Moses (fille de Dee Dee Bridgewater), le Billy Cobham quintet, le Palestinien Tamer Abu Ghazaleh, le groupe colombien Cumbia Ya et l'ensemble britannique Incognito. De notre envoyée spéciale à Constantine :