Le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a procédé jeudi à un changement à la tête de l'opérateur public de télécommunication mobile Mobilis. Selon un communiqué rendu public sur le site du ministère, on apprend en effet qu'il a été mis fin aux fonctions de Saâd Dama en tant que PDG de Mobilis. La même source a précisé que le conseil d'administration s'est réuni, jeudi, à l'effet de confier la gestion de l'opérateur à l'entreprise mère Algérie Télécom qui désignera un directeur général par intérim en attendant l'installation d'un nouveau PDG. «Cette décision est dictée par la volonté des pouvoirs publics d'insuffler une nouvelle dynamique à l'entreprise dans un environnement extrêmement concurrentiel pour un secteur qui connaît des évolutions et des transformations rapides», a expliqué le ministère de la Poste dans son communiqué. Pour le département de Houda-Imane Feraoun, «le nouveau responsable qui sera désigné sera appelé à anticiper les évolutions que connaît l'industrie des télécommunications mobile en général et y adapter dès maintenant le management et l'entreprise». Le changement à la tête de Mobilis a surpris plus d'un, d'autant plus que Saâd Dama est considéré comme un manager compétent et avoir réussi à hisser le chiffre d'affaires de Mobilis. Nommé en avril 2012, il avait préparé l'opérateur public à l'avènement de la 3G. Durant son exercice, Mobilis a lancé d'importants investissements et opérations de sponsoring, notamment les contrats signés avec la Fédération algérienne de football (FAF) en prenant la place de son concurrent, Ooredoo. L'ex-PDG s'est affiché également comme militant actif au sein du Front de libération nationale (FLN), faisant dire à certains qu'il est appelé à assumer d'autres hautes fonctions managériales. Cependant, le communiqué du ministère de la Poste donne l'impression que Saâd Dama n'a pas été à la hauteur des missions qu'on lui a fixées. Des sources citées par des médias électroniques ont évoqué hier «des décisions contestables prises sans concertation» par l'ex- PDG, notamment l'acquisition des équipements de transmission haut débit, des contrats signés avec Air Algérie et Sonelgaz et l'accord conclu avec Orange. Le contrat signé avec l'opérateur français permettait d'effectuer des appels d'Orange-France vers les lignes Mobilis à un tarif symbolique. Ce qui constitue un manque à gagner pour la société mère, Algérie Télécom, qui se voit amputée d'une importante part de marché. Ce «partenariat» dénoncé par AT a précipité d'ailleurs le limogeage de Dama. Il part en laissant derrière lui une entreprise publique performante qui compte sur le marché de la téléphonie mobile et suscite d'ailleurs la convoitise de plusieurs groupes internationaux, notamment ceux de nos partenaires européens qui veulent entrer dans le capital de Mobilis. Son réseau à l'échelle nationale, la fiabilité de ses équipements, ainsi que sa politique tarifaire ont largement contribué la réussite de Mobilis.