Le maintien du niveau de production, décidé vendredi lors de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est «un très mauvais signal» envoyé par cette organisation au marché pétrolier. L'expert en pétrole, Mourad Preure, a estimé que «nous allons avoir un début 2016 extrêmement défavorable et les prix ne se renforceront qu'à partir du 2e trimestre 2016, avant de connaître une tendance haussière à compter du 4e trimestre de la même année». Il souligne que la baisse de la production américaine de 100 000 barils/jour au cours des derniers mois, en plus du frémissement de la demande mondiale, a fourni des arguments à l'Arabie saoudite pour imposer le maintien des quotas de production. Le retour, au sein de l'organisation, de l'Indonésie qui a une capacité de production de 850 000 barils par jour ainsi que la décision de l'Iran d'augmenter sa production qui passera rapidement à 500 000 barils/jour ont également justifié la décision saoudienne. En qualifiant de «mauvais signal au marché» la décision de l'Opep qui a décidé de porter sa production à 31,5 millions de baril/jour, l'expert a expliqué que l'organisation dépasse déjà son plafond de production qui était de 30 millions barils/jour. A cela, il faudra ajouter que l'organisation a une capacité inutilisée de 20 millions barils/jour. «La situation est extrêmement compliquée car en plus du retour du volume de production iranien, il faut compter aussi celui de la Libye qui se situe entre 800 000 et un million de barils/jour, en dépit de l'augmentation de la production irakienne», a ajouté Preure. Cette production supplémentaire des trois pays entraînera une hausse de l'offre qui atteindra 3 millions barils/jour. En revanche, il pense que les capacités de production iranienne ne sont pas en état de mettre sur le marché les 500 000 barils/jour annoncés. Ainsi, «les capacités pour les trois pays ne sont pas forcément mobilisables», a-t-il prévu. Donc, les 3 millions de barils de surplus de production est en fait une «incertitude». En termes de prévisions pour 2016, il pense que les prix connaîtront une sensible hausse en 2017 et 2018. Quant à l'investissement dans l'exploration, il a souligné son fléchissement, passant de 700 milliards de dollars en 2013 à 500 milliards de dollars en 2015. «Il faudra augmenter les investissements pour renouveler les réserves et assurer une production qui répondra à la future demande», a recommandé l'expert.