L'Opep s'apprête à officialiser sa production réelle en augmentant son plafond de production de 500 000 b/j pour le porter de 27,5 mbj à 28 millions de barils par jour. C'est ce qui ressort des déclarations de plusieurs dirigeants de l'organisation. La décision d'augmenter le plafond officiel devrait être prise aujourd'hui lors de la réunion officielle qui a lieu à Vienne. Toutefois, cette décision, qui s'apparente à un geste psychologique en direction du marché, ne devrait pas entraîner de grands changements au niveau du marché. Pour avril et dans son rapport mensuel sur le marché, l'Opep avait indiqué que la production des 10 (moins l'Irak) était de 28,08 mbj tandis que celle de l'Irak était de 1,87 mbj. Le plafond officiel de production étant dépassé de plus de 500 000 b/j et la production totale proche de 30 j. En mai et selon des sources industrielles, la production a augmenté à 28,2 mbj pour les 10. Tandis que si l'on ajoute l'Irak, la production totale des 11 dépasserait légèrement les 30 mbj. Après le président de l'Opep qui avait évoqué ce projet de décision la semaine passée, le ministre saoudien du Pétrole, Ali El Nouaimi, a relancé le projet de décision vendredi en Norvège où il avait déclaré que le principe d'une telle décision était acquis. Cette sortie en Norvège avait été interprétée comme un signal pour tous les pays membres qui ont déclaré dès lundi soutenir un tel projet. Dans la soirée de lundi et après un tour de table réalisé par les différents médias présents à Vienne, la plupart des ministres membres avaient exprimé leur accord avec le projet d'augmenter le plafond de production. Dans une déclaration faite lundi à la presse, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait confirmé l'analyse qu'il avait faite à plusieurs reprises à Alger ces dernières semaines lorsqu'il était interrogé par la presse. « Je suis favorable à une hausse des quotas, tout le monde y est favorable. Mais je ne crois pas que cela aura un effet sur le marché », a-t-il déclaré, avant d'ajouter que le principal problème est causé par les capacités de raffinage dans le monde qui sont insuffisantes. Le Nigeria, réticent il y a quelques jours, a fini par se ranger sur la majorité des pays. Son représentant, le conseiller présidentiel nigérian pour le Pétrole, Edmund Daukuru, a indiqué lundi que le Nigeria n'avait pas de problème avec une hausse des quotas. De même que le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, qui a exprimé son inquiétude face à la hausse des prix sur le marché. « Oui, nous sommes inquiets et nous ne pouvons rien y faire. Nous préférons que les prix soient inférieurs à 50 dollars le baril », a-t-il déclaré à la presse lundi à Vienne. Concernant la question des prix et la fourchette que l'Opep s'apprête à adopter, l'ancienne des 22-28 dollars le baril étant dépassée, la réunion d'aujourd'hui pourrait avancer sur ce dossier. Dans une conférence de presse donnée jeudi passé à Bruxelles, le président de l'Opep, le ministre koweïtien cheikh Ahmed Fahd Al Sabah, avait annoncé : « L'Opep examine une nouvelle fourchette qui serait acceptable à la fois par les producteurs et les consommateurs. » Il a aussi précisé que celle-ci pourrait se situer entre 30 et 50 dollars le baril. Le minimum de 30 dollars remplacerait ainsi l'ancien de 22 dollars de la fourchette des prix adoptée en 2000 et qui a été gelée l'année passée devant la hausse des prix qui avaient approché les 60 dollars le baril. Le prix maximum, qui serait une sorte d'alerte pour que l'Opep intervienne afin de ne pas gêner la croissance de l'économie mondiale, serait un baril à 50 dollars. Il est sûr maintenant que tout le monde a constaté que le marché est bien approvisionné en pétrole brut, l'Opep produisant au maximum de ses capacités et que les difficultés résident dans les capacités de raffinage. A titre d'exemple, aucune nouvelle raffinerie n'a été construite aux Etats-Unis depuis 1976 alors que le marché américain est le plus grand consommateur de carburants. Cet aspect commence à devenir le principal sujet des discussions entre pays producteurs et pays consommateurs en plus des investissements qui devraient se développer dans l'exploration-production. Dans la perspective de la hausse de la demande au 4e trimestre qui coïncide avec l'hiver, le président de l'Opep a déjà annoncé que l'organisation allait augmenter sa production. Hier à Vienne, le ministre koweïtien du Pétrole a indiqué que l'Opep allait produire 1 mbj à la fin de l'année, soit environ un million de barils par jour de plus qu'actuellement. Les prix sont restés fermes malgré la décision attendue de l'Opep. A New York et en fin d'après-midi, le baril de brut était coté à 55,40 dollars. Tandis qu'à Londres, le baril de brent était à 54,26 dollars.