Le baril toujours vers le bas Une chute qui intervient dans la foulée de l'annonce par l'Opep d'une accélération de la demande mondiale de pétrole en 2016. C'est le jour et la nuit. Paroles contre paroles. Avec à la clé leur crédibilité mise en jeu. L'Opep et l'AIE divergent. Les cours de l'or noir sont-ils perturbés par leurs estimations contradictoires? Les experts ne le relèvent pas. Il est cependant certain que cela ne les aide pas à s'orienter à la hausse bien qu'ils soient restés à l'écoute et influencés par les discussions autour du nucléaire iranien, de la crise grecque et essentiellement par les chiffres de l'offre surabondante qui les plombe. Dans son rapport mensuel publié lundi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2015 tout en misant sur une nouvelle accélération en 2016. Une embellie qui sera portée par un rebond de la croissance mondiale, argumente le cartel. Les experts de l'Opep annoncent une hausse de la demande mondiale de 1,28 million de barils par jour (mbj) pour 2015. Ce qui doit se traduire par 100.000 barils par jour par rapport à leur précédente estimation. Elle devrait s'accélérer pour atteindre 1,34 million de barils par jour en 2016. Une embellie qui sera portée par un rebond de la croissance mondiale qui doit passer de 3,2% cette année à 3,5% l'an prochain, argumente le cartel. Des estimations aux antipodes de celles rendues publiques le 10 juillet par l'Agence internationale de l'énergie. L'AIE pronostique une baisse de 1,2 million de barils par jour de la croissance de la demande mondiale d'or noir en 2016, après l'avoir évaluée à 1,4 mbj pour 2015. Une «guerre des communiqués» après celle des prix qui n'arrange guère les affaires des pays dont les économies dépendent essentiellement de leurs ventes de pétrole à l'étranger à l'instar de l'Algérie, qui pâtissent des cours actuels du brut notoirement bas. Une situation qui vraisemblablement tend à se détériorer davantage. La finalisation de l'accord sur le nucléaire iranien entre les grandes puissances et Téhéran vient de le confirmer. Hier, le baril replongeait en cours d'échanges européens. Vers la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 56,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,04 dollar par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 1,05 dollar pour se négocier à 51,15 dollars. Doit-on s'attendre à un nouveau plongeon malgré l'optimisme affiché par l'Opep? «Le marché s'attend à ce que la production de l'Iran augmente, ce qui va s'ajouter à la surabondance d'offre actuelle», indiquait Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. A combien peut-on l'estimer? «Il est réaliste d'assumer une hausse de la production de pétrole à 500.000 barils par jour (bj) d'ici à mi-2016, et de 500.000 barils supplémentaires d'ici à la fin 2016», pronostiquaient les analystes du second groupe allemand, Commerzbank. La production iranienne va rebondir de 750.000 bj pour atteindre 4,4 millions de barils par jour (mbj) en 2016 assure de son côté Charles Roberson, analyste chez Renaissance Capital. «Combiné aux 19 millions de barils de pétrole stockés (en Iran), ceci devrait faire grimper les exportations iraniennes à 2,4 mbj en 2016, contre 1,6 mbj en 2014», précisait-il. Il faut aussi compter sur d'autres facteurs qui n'annoncent rien qui vaille. «On a la faiblesse de l'euro, on a l'offre excessive de pétrole de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et on a la perspective de voir encore plus de brut venir de l'Iran», a fait observer Carl Larry, de Frost & Sullivan. «La demande va augmenter à court terme, mais pour le moment, on dirait que d'ici la fin de l'année, elle va rester limitée alors que l'offre sera toujours élevée», a-t-il poursuivi. Un constat qui indique que le baril n'a pas fini de boire la tasse. L'Opep sera obligée dans ce cas de revoir sa copie.