Le chiffre donne le tournis : 200 000 élèves désertent annuellement l'école. Longtemps hantise des parents, la triste célèbre expression «orienté vers la vie active» s'est banalisée au fil du temps. La déperdition scolaire est devenue une réalité en Algérie : nos chérubins quittent l'école prématurément, au grand désarroi des parents. Ces derniers, qui ne pensent qu'à l'avenir de leurs enfants, constatent, en dépit des différents efforts aussi bien financiers que matériels consentis, que leurs progénitures désertent les bancs de l'école et ce, dans divers paliers. Que ce soit au primaire, au collège ou au lycée, ce phénomène s'est beaucoup plus accentué ces dernières années. L'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, qui a admis la gravité de la situation, impute cette situation à un problème pédagogique doublé d'une «massification» de l'enseignement. Nedjadi Messeguem, qui s'exprimait hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, a également soutenu que l'école a une grande responsabilité, en ce sens qu'elle n'a pas réussi à leur «inculquer le savoir, sa mémorisation et sa restitution». «C'est après l'arrivée de la nouvelle ministre de l'Education nationale que toutes ces questions ont commencé à inquiéter, amenant à mettre en branle une stratégie avec l'aide d'experts universitaires et d'enseignants chevronnés pour en cerner les raisons et élaborer des solution», a fait savoir ce cadre du département de Benghebrit. L'autre chiffre qui fait froid dans le dos est que 80 000 à 90 000 élèves, parmi lesquels une majorité de filles, abandonnent l'école entre l'âge de 6 et 15 ans sur injonction de leurs parents. Pour faire face à ce phénomène, le ministère de l'Education nationale, aux dires de Messeguem, a initié un plan national de formation au profit des inspecteurs et des enseignants à qui va incomber la mission de reprendre et de corriger des pratiques pédagogiques inadaptées. Ce plan, a précisé la même source, a été préparé en prévision de l'année scolaire 2016/2017. «L'évaluation pédagogique prendra désormais le pas sur l'actuel système de notation», a-t-il noté. Si par ailleurs, les chiffres rendus publics par cet inspecteur confirment les inquiétudes mais aussi la sonnette d'alarme tirée par les spécialistes et pédagogues, l'Algérie est, cependant, mieux lotie par rapport aux autres pays de la région Mena. En effet, l'Algérie compte le taux «le plus faible» de déperdition scolaire dans cette région, selon le représentant du bureau du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) à Alger. «Près de 500 000 enfants âgés entre 6 et 16 ans ne sont pas à l'école en Algérie, mais ce chiffre représente le plus faible taux par rapport à celui enregistré dans les pays de la région Mena», avait déclaré ce responsable.