La menace terroriste en provenance de la Libye n'a jamais été aussi stressante pour l'Algérie mais aussi pour tous les pays voisins, voire pour l'Afrique et le pourtour méditerranéen. Pour que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, (re)lance l'appel de l'Algérie depuis Paris, où il était en visite de travail, hier, à la communauté internationale «à se solidariser pour éradiquer le terrorisme», c'est que le danger est réel. «C'est une occasion pour réaffirmer la nécessité de lutter contre ce fléau, devenu international, en traversant maintenant toutes les frontières, et la communauté internationale doit se solidariser pour arriver à l'éradiquer», a déclaré Nouredine Bedoui à la presse juste après avoir déposé une gerbe de fleurs à la place de la République, à Paris, en hommage aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre dernier qui ont fait 130 morts. Accompagné d'une forte délégation, dont le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, le ministre de l'Intérieur va certainement échanger avec son homologue Bernard Cazeneuve autour de la situation en Libye mais également de la nécessité de surveiller les comportements des jeunes issus de l'immigration, notamment dans les mosquées. Le geste symbolique de Bedoui Il faut dire que les attentats de Paris et leur très lourd bilan ont induit une prise de conscience que le danger n'est pas uniquement au Maghreb et au Proche-Orient mais que le terrorisme peut frapper là où il veut et quand il veut. En déposant symboliquement une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes, dont des Algériens du reste, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a envoyé un message aux autorités française. En clair, la lutte contre le terrorisme est l'affaire de tous. «A travers cet hommage, nous exprimons notre solidarité avec toutes les familles de victimes du terrorisme, parmi elles il y a des Algériens. Je me recueille, en mon nom et au nom des Algériens, à la mémoire de toutes les victimes de ces attentats», a-t-il ajouté. Des paroles qui ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd puisque son homologue le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a répliqué que cet hommage est «très révélateur de ce que sont nos relations». La France avertie… «Ce sont des relations d'amitié, de confiance qui nous conduisent à être très près les uns des autres dans la lutte antiterroriste», a-t-il commenté. Eh oui, la France a plus que jamais besoin de l'expertise algérienne en la matière. De la même manière, l'Algérie a tant besoin des moyens de la France et de son soutien politique pour sécuriser le Sahel et éviter le pire en Libye. Cela étant dit, tant mieux que la France et les pays occidentaux comprennent enfin que c'est le chaos qu'ils ont installé en Libye et en Syrie qui leur revient comme un boomerang à la figure. Le ministre de l'Intérieur a eu donc raison de plaider pour une «solidarité internationale» face à un phénomène tout aussi transnational. C'est au demeurant le même constat dressé et le même appel lancé par le Haut Commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui, lors de son passage hier à la Chaîne III. De même que l'ANP a mis en exergue dans la revue El Djeich les dangers terroristes à nos frontières. Pour ce diplomate algérien, Daech fait peser une «grave menace sur la stabilité» de tout le continent africain. Il est à espérer que tous ces appels trouveront des oreilles attentives avant qu'il ne soit trop tard.