En souvenir du poète et acteur Himoud Brahimi, décédé le 31 mai 1997 dans sa Casbah tant aimée, l'Etablissement Arts et Culture rend hommage à cet artiste, philosophe et sportif en lui consacrant une semaine où ceux qui l'ont connu de près ou de loin auront l'occasion de se remémorer cet artiste et homme de culture. Une rencontre-débat, une projection du film Tahia ya Didou et une exposition de photos sont prévues dans le programme de ces journées. Né en 1918 à La Casbah d'Alger qu'il ne quittera que pour rejoindre son créateur, Himoud Brahimi alias Momo a eu plusieurs facettes intéressantes durant sa longue vie. Se cachant parfois derrière ses éclats de rire exceptionnels et ses coups de nerfs, l'homme était un penseur qui tenait à ses idées, un excellent comédien et acteur mais aussi un grand sportif. Homme ou poisson ? En effet, Himoud Brahimi avait battu le record du monde de plongée en apnée en 1956 à la piscine de Paris. Au lendemain de cet exploit, un journal français avait titré un article «Homme ou poisson» avec une caricature de Momo avec un corps de sirène. Puisque l'humour ne lui manquait pas, Momo qui se trouvait une fois sur une plage de l'Algérois remarqua une Française qui bronzait seule sur un rocher isolé. Le champion a plongé et nagé sous l'eau plus d'une centaine de mètres pour sortir de l'eau face à la jolie femme. Momo qui portait la barbe et avait les cheveux longs se mit à lire quelques versets de la bible à la jolie créature pour disparaître. La femme se dirigea vers la plage en criant : «J'ai vu Jésus, j'ai vu Jésus !» Le grand nageur avait la capacité de faire une prière complète à plusieurs mètres sous l'eau. Pour semer le doute et créer le mythe, Momo qui avait une très bonne connaissance du christianisme avait à la fois, dans sa chambre, un portrait de la vierge Marie d'un côté et le Coran de l'autre. Il faut dire que Momo, qui faisait régulièrement ses cinq prières, était un farouche défenseur de l'Islam quand il le fallait. Comédien sur scène, lors des rencontres-débat et dans la rue, Himoud Brahimi était en fait un homme sérieux au travail, car il n'a jamais failli à ses missions durant sa longue carrière à la Direction des impôts. L'homme s'est également occupé de son fils Mansour en l'inscrivant aux cours de l'association El Mossilia pour en faire un virtuose des instruments à corde. Il est à noter que Momo était un grand amateur de musique andalouse. Un grand acteur Himoud Brahimi avait joué dans de grands films tels que Tarzan aux côtés de Johnny Weissmuller. Il jouera plus tard en 1948, dans Noces de sable d'André Swoboda et dans Les plongeurs du désert, réalisé par Tahar Hannache et mis en musique par Mohamed Iguerbouchène, un film tourné complètement avec des Algériens que les Français refuseront de diffuser. Après l'indépendance, Momo donnera des cours de théâtre avant de retourner au cinéma. En 1971, il joue dans Tahia ya Didou où il brillera par ses déclamations dans Mienne Casbah qu'il avait écrit en 1949. On le verra également dans Vent de sable de Lakhdar Hamina et dans Le clandestin de Benamar Bakhti, en 1991. Enfin, l'hommage à Momo organisé par l'Etablissement Arts et Culture permettra d'élucider d'autres facettes de l'homme qu'était Himoud Brahimi. Ses enfants et ceux qui l'ont connu apporteront leurs témoignages. En tout cas, on ne saura jamais tout de Himoud Brahimi, l'artiste, le poète, le philosophe, le nageur, l'amoureux de La Casbah.