Selon l'enquête nationale à indicateurs multiples (MICS), 24% de la population algérienne est analphabète, soit 16,5% des hommes et 31,6% de femmes. Il a été estimé de ce fait qu'une personne sur cinq âgée de 10 ans et plus est analphabète. Comment expliquer ces chiffres, qui illustrent une triste réalité, malgré les efforts effectués par le secteur éducatif qui a rendu obligatoire et gratuit l'enseignement jusqu'à l'âge de 16 ans, ainsi que les associations qui interviennent dans le domaine de l'alphabétisation des adultes et enfin par les autorités dont le challenge est de réduire l'analphabétisme? Afin de pallier les conséquences de ce phénomène, une stratégie nationale d'alphabétisation a été mise en place par les autorités. «Nos mesures sont basées sur la procédure relevant de la décision du président de la République», a affirmé M. Yacine Benkhelil, chef du département communication de l'Office national d'analphabétisme et de l'enseignement pour adultes, qui nous apprend qu'un échéancier a été tracé pour les années à venir de façon à réduire le taux d'analphabétisme de 50% en 2012 et de l'éradiquer en 2016. M. Benkhelil estime que tous les moyens humains, matériels et financiers ont été mis à la disposition des analphabètes depuis le 23 janvier 2007, date de l'adaptation de la stratégie nationale d'alphabétisation par le Conseil du gouvernement. Pourtant, un taux de 24% d'analphabète laisse perplexe et inquiète considérablement. Cela serait-il dû à l'inefficacité ou à l'insuffisance de ces dispositifs ? M. Benkhelil a évoqué le problème du manque d'enseignants au sein des associations. En effet, bien que près de 6500 enseignants ont été encadrés pour l'année 2008 - 2009 à travers le territoire national, le nombre d'enseignants à la disposition des apprenants analphabètes reste insuffisant. Il souligne également que l'instruction des femmes demeure un réel problème social et l'une des causes principales de l'analphabétisme en Algérie. «Les deux tiers des analphabètes concernent la gent féminine et vivent majoritairement dans les zones rurales, soit un taux de 41,1 % de femmes analphabètes enregistrées par le MICS, en zones rurales contre 24,1 % en zones urbaines.» Cette différence est due à l'absence de scolarisation qui affecte plus les filles que les garçons dans les zones rurales. Toutefois, notre interlocuteur reste optimiste quant à la réalisation du tracé national de lutte contre l'analphabétisme avec l'ambition de le réduire de moitié en trois ans. M. Benkhelil reconnaît qu'il s'agit bien d'un défi à relever. «Comparativement à l'année 1962, où le taux d'analphabétisme était de 85%, l'espoir de réaliser nos objectifs est permis.» Comme il souligne l'importance des campagnes de sensibilisation pour la lutte contre l'analphabétisme qui devraient être lancées plus souvent. «Notre office a pour but d'inciter le plus possible d'analphabètes à rejoindre les bancs des centres sans complexe aucun. Et ce, en les sensibilisant par des campagnes, des spots diffusés à la télévision, des affiches d'information, etc.», a-t-il souligné, ajoutant que les médias devraient évoquer plus souvent le problème de l'analphabétisme. Un problème qui touche non seulement les analphabètes mais toute la société : «Un analphabète souffre et fait souffrir son entourage.»