La réunion regroupant hier le collectif des pilotes maritimes du port d'Alger et les représentants de l'administration Epeal a tourné court sans que les deux parties ne trouvent une issue au conflit.Les 18 pilotes activant au port d'Alger ont décidé, pour ne pas perturber la stabilité de leur entreprise et préserver l'économie nationale, d'abandonner l'idée d'organiser une journée de débrayage. Conscients des «graves enjeux, des répercussions et des pertes considérables si le travail est stoppé ne serait-ce qu'une seule matinée», tout en insistant sur le sentiment de nationalisme qui les anime, les pilotes continueront de travailler en portant des brassards en signe de protestation, jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Dans une lettre datée du 3 juin en cours, et adressée à la direction générale de l'Epal, les pilotes maritimes du port d'Alger ont tenu à exprimer leur mécontentement au P-dg en raison de la non-application de la décision émanant du ministère des Transports, du 6 mai dernier, concernant la revalorisation de leur salaire et l'amélioration de leurs conditions de travail. Les pilotes du port d'Alger ont, depuis 2005, interpellé les responsables sur les disparités des rémunérations entre les différents ports au moment où les critères de recrutement demeuraient les mêmes. Alors que le port d'Alger accueille plus de 60% de l'activité portuaire, leurs salaires de base avoisinent les 29 000 DA, très loin derrière ceux, par exemple, des pilotes maritimes d'Arzew ou de Skikda. Une situation qui les a poussés à revendiquer un alignement des salaires et du régime indemnitaire au niveau de ces deux ports pétroliers. Les revendications touchent également l'organisation et les conditions de travail, les effectifs et la valorisation de leur profession ainsi que la mise en place d'un statut particulier. Le métier de pilote maritime n'est pas de tout repos et nécessite de l'expérience, une grande maîtrise et une concentration sans faille. Pour postuler à ce poste, il faut avoir comptabiliser un nombre important d'années d'expérience en tant que capitaine de la marine marchande ou navale. Les pilotes maritimes sont nommés par décret ministériel. De nombreux risques d'accidents guettent les pilotes au moment où ils assistent les navires dans leurs manœuvres d'entrée ou de sortie du port. A la merci du trafic, ils peuvent effectuer une quarantaine de manœuvres par jour, un volume de travail harassant. La spécificité et l'importance de cette corporation dans la bonne marche d'un port les rendent indispensables dans les entreprises portuaires à travers le monde. Ces pilotes ne veulent pas s'expatrier et céder aux salaires alléchants miroités par les pays du Golfe. Leurs revendications, considérées comme légitimes par la tutelle, ont été accordées. Ils attendent simplement une application urgente des mesures. Convaincu de la justesse de sa lutte, le collectif des pilotes maritimes croit en la force du dialogue.