Les pilotes d'Air Algérie ne décolèrent pas. La rencontre qu'ils ont eue hier avec le président-directeur général de la compagnie n'a pas suffi pour apaiser les esprits. Après une première brève rencontre avec les pilotes au moment où ils tenaient leur deuxième rassemblement à l'aéroport d'Alger Abdelouahid Bouabdellah a assisté à une réunion avec les membres du collectif des pilotes d'Air Algérie. Au bout de quelques deux heures de discussions et d'échanges au cours desquelles le premier responsable du pavillon national a apporté les éclaircissements nécessaires et donné sa version des faits, réfutant ses déclarations «désobligeantes» à l'égard des pilotes, le syndicat a décidé de ne pas lâcher la mise. «M. Bouabdellah a affirmé qu'il n'a pas tenu de tels propos dans la presse et que les déclarations parues dans le journal lui ont été attribuées suite à une incompréhension ou mauvaise interprétation de la part du rédacteur de l'article. Il a également promis de déposer plainte contre le journal qui s'est permis de telles pratiques diffamatoires graves, ayant failli perturber le fonctionnement normal de la compagnie et toucher à son personnel», nous a précisé Menser Boukhari, porte-parole du collectif des pilotes d'Air Algérie. De leur côté, les pilotes ont exprimé, lors de cette rencontre, leur mécontentement et leur indignation quant à ces propos choquants qu'ils ont rejetés de façon catégorique. Les propos, plutôt rassurants, du PDG n'ont pas changé grand-chose à la situation. Les pilotes ont décidé de faire appel à la justice pour réparation du préjudice moral que cet incident a occasionné. «Après concertation avec les autres pilotes, nous avons décidé de consulter nos avocats pour donner une forme à l'action en justice que nous allons lancer contre le PDG de la compagnie. Nous estimons qu'il est impossible de laisser passer des choses aussi graves sans que l'on marque notre réaction. C'est une atteinte à notre image de marque et à notre dignité», a encore ajouté M. Boukhari. Les répercussions de cette affaire ne s'arrêtent malheureusement pas là. Cet incident a suscité l'intérêt de tout le personnel navigant sur d'autres problèmes et préoccupations qu'ils ont évité d'évoquer. «Nous allons préparer une assemblée extraordinaire du syndicat des pilotes dans les tout prochains jours pour discuter et prendre des mesures fermes concernant nos problèmes restés en suspens depuis plusieurs mois», dira M. Boukhari qui n'a donné aucune date pour la tenue de ce rendez-vous décisif. Néanmoins, le porte-parole du collectif des pilotes écarte tout éventuel recours à un mouvement de grève, notamment pendant cette saison estivale marquée par la densité du trafic. «Les pilotes sont déçus par cette attitude qui manifeste une ingratitude de la part des responsables de la compagnie après tous les sacrifices qu'ils ont consentis. Ils ont, de tout temps, prouvé leur attachement au pavillon national qu'ils ont toujours défendu. Ils sont restés pour assurer le service pendant les moments les plus difficiles qu'a traversés notre pays», dira M. Boukhari. «Nous avons les moyens de défendre nos intérêts sans que l'on soit obligés de recourir à la grève. C'est une saison où le trafic est important, nous sommes conscients des enjeux découlant d'un arrêt de travail qui puisse surgir en ce moment. En plus, nous connaissons l'attachement de la communauté algérienne établie à l'étranger, avec laquelle nous avons un contrat moral que nous respectons énormément. Il y a aussi le facteur de la concurrence très rude en cette période de vacances. Nous allons donc continuer à travailler le plus normalement du monde, tout en prenant les mesures nécessaires pour répondre à toutes les provocations», a-t-il conclu.