A quoi joue la Fédération algérienne d'athlétisme dont le président est également vice-président du Comité olympique algérien ? C'est la question que l'on peut se poser après les déclarations du directeur des équipes nationales de cette Fédération à un journal spécialisé en sport dans lesquelles il indique que «le nombre d'athlètes qualifiés aux Jeux olympiques de 2016 donné par le Comité olympique algérien est erroné». Voilà de quoi laisser perplexes plus d'un, car il ne s'agit ni plus ni moins que d'un démenti à l'annonce de l'instance olympique. Disons même plus au président de celle-ci, Mustapha Berraf, puisque c'est lui qui a révélé que 38 athlètes algériens avaient déjà composté leur billet pour Rio dont 10 en athlétisme. On va certainement accuser Berraf d'avoir voulu faire de la promotion avec de fausses informations. Il s'agit cependant de faire preuve de réalisme et de ne pas foncer tête baissée jusqu'à tomber sur le président du COA. Si ce dernier a parlé de dix athlètes qualifiés aux JO, c'est parce que la DTN de l'athlétisme lui a donné ce chiffre. On ajoutera, et cela est très important, que la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), en accord avec le Comité international olympique (CIO), a indiqué que les athlètes qui pourront aller aux Jeux olympiques de Rio sont ceux qui ont réalisé les minima entre le 1er mai 2015 et le 11 juillet 2016. Partant de là, Mustapha Berraf n'a fait que reprendre les décisions de l'IAAF pour donner le chiffre de 10 athlètes qualifiés pour les JO, c'est-à-dire ceux qui ont fait les minima en 2015. Or la FAA a un système dont il n'était certainement pas au courant, à savoir que tout athlète qui est dans ce cas se doit de réaliser les minima pour les Jeux l'année même de cette compétition. Ce que peu de monde sait, c'est que cette Fédération a instruit tous les athlètes et leurs entraîneurs que la période de réalisation de ces minima ira du 1er janvier au 19 juillet 2016. Cela veut dire que tous les athlètes cités par Berraf vont devoir repasser par la case départ et se mettre au travail en vue de se qualifier pour les JO de Rio. Y compris pour le champion olympique du 1500 m, Taoufik Makhloufi. La FAA est allée jusqu'à durcir les critères de qualification dans certaines épreuves comme le marathon et le 3000 m steeple, ce qui veut dire que Souad Aït Salem va devoir souffrir sur les pistes et les routes si elle compte aller au Brésil en août prochain. Il est vrai que l'IAAF indique que pour le marathon, il faudra se baser sur les performances de 2016. Le problème est que la FAA ne communique pas sur ce sujet. Si vous ouvrez son site web, vous ne trouverez aucune information indiquant que celui qui veut aller au Brésil doit réaliser les minima à partir de janvier 2016. On avance par ouï-dire jusqu'à ce que le directeur des équipes nationales de cette Fédération se permette d'affirmer que les chiffres avancés par Berraf sont «erronés» et révèle les conditions algériennes de qualification pour les JO. Comme quoi un minimum de clarté dans la communication serait le bienvenu dans ce monde qui n'avait même pas su dissuader Taoufik Makhloufi de prendre part à un meeting en Europe (celui de Rieti) en septembre dernier alors que cet athlète était engagé le lendemain dans un 800 m des Jeux africains… de Brazzaville, soit à des milliers de kilomètres de là. Résultat des comptes, Makhloufi, tenant du titre du 800 m et donné gagnant pour la médaille d'or, avait dû se contenter de la médaille d'argent.