Sur les chemins de la liberté de Hachemi Trodi paru aux éditions Casbah relate son itinéraire de nationaliste de la première heure jusqu'aux lendemains de l'indépendance.Ce récit de son parcours personnel et de militant rapporté par Michel Laban «porte les traces des traits d'amitié avec Michel, fils de Maurice et d'Odette Laban, mes amis, mes ex- voisins dans l'immeuble Chaouia à Biskra. Maurice Laban est mort au combat pour l'Algérie», indique-t-il. Ces réminiscences nous replongent dans ce contexte colonial où les germes de sédition pour une Algérie libre préparaient le déclenchement de la guerre de libération nationale. Les chemins du nationalisme Pour ce faire, l'auteur raconte son enfance au village nègre à Biskra, sa ville natale lui, dont l'originaire est à Oued Souf. Il décrit avec détails la vie de son quartier, son école, et les soirées à écouter les aventures de Antar et Abla, ainsi que les zerdas au saint patron Zerzour de la ville. Il évoque le contexte politique de l'époque avec des activités comme les bulletins publiés par Safer Larbi et Lamine Lamoudi. Dans cette optique, Hachemi Trodi militant du MTLD rapporte les erreurs de Messali Hadj et de l'attitude de Ferhat Abbas avec l'éviction du parti de Lamine Debaghine, faits hautement rapportés dans une missive de Habib Bourguiba qui reprochait aux uns et aux autres «l'affrontement de ces deux courants l'un réformiste, et l'autre radical. Il savait que cela nuisait non seulement à l'Algérie, mais plus encore à l'Afrique du Nord», relève dans sa préface l'auteur. Au fil des chapitres notamment «Les chemins du nationalisme», «Les devoirs du fils aîné» et «Partis, patrie et démocratie», Hachemi met en exergue le contexte de l'époque avec son lot de misère et d'injustice et les luttes intestines . Il montre que le parti communiste a été dès 1945 dévié par sa campagne contre le nationalisme surtout le PPA, et qu'il reprochait à Maurice Laban ses affinités avec les nationalistes. La solidarité entre militants Il évoque son séjour en prison à Aflou en 1956 et à Arcole. Dans son parcours, il cite les militants avec qui il a eu affaire ou rencontrés lors de réunions comme Ben M'hidi, Ben Khedda, Aït Ahmed , Boudiaf, M'hamed Yazid , Bouhafs, Bachir Boumaza etc. Dans son séjour carcéral, Hachemi se remémore cette solidarité entre militants. Dans le chapitre relatif à Boudiaf, Hachemi évoque son séjour chez lui pour lui demander de revenir en raison de «nous sommes en danger», «la suite est connue», dit-il. Hachemi Trodi est devenu membre du Conseil consultatif national, sous la demande du président Boudiaf. Dans ses mémoires, l'auteur fait beaucoup de clins d'œil à la situation actuelle avec toutes les dérives et dépassements occasionnés, et la lutte effrénée pour le pouvoir. Il témoigne avec des documents à l'appui et des photographies, ce qui donne à cet ouvrage une plus-value officielle. Ecrit avec un style alerte, on retrouve beaucoup d'incursion à des faits et évènements qui renseignent sur certaines situations non connues mais qui altèrent quelque peu le récit.Cet ouvrage permet aux jeunes générations de mieux appréhender l'itinéraire des militants et de comprendre les dissensions entre certains. Agréable à la lecture, il se lit aisément comme si l'on entendait un récit raconté .