La vallée des Béni-Snous s'apprête à célébrer l'un des événements les plus marquants dans les traditions des populations de cette région éparse et montagneuse, à savoir Yennayer. Yennayer, le nouvel an berbère, est un rituel ancestral. Sa célébration, chaque année, nécessite des préparatifs particuliers. On ne lésine pas sur les moyens même si cette année les prix des fruits secs sont presque inaccessibles aux «smicards» et aux personnes à revenus moyens. Mais les Snoucis, aguerris à l'agriculture vivrière, sont prévenants. Ils prennent en compte les aléas de la vie. Et à chaque récolte ou cueillette de fruits, son lot de conservation. Ainsi figues sèches, amandes, raisins secs, noix, semoules de blé et d'orge et huile d'olive sont parmi les produits dont chaque famille dispose en quantités suffisantes. La population, au fil des siècles, a appris à survivre aux aléas de la vie. Yennayer, appelé Ayred à Béni-Snouss, symbolise la fertilité et la productivité. Il augure, selon le rituel, une bonne production pour les agriculteurs et une fertilité pour les femmes. C'est dans cette optique mystique qu'il est fêté de manière très particulière, où rien n'est laissé au hasard. C'est un rituel auquel s'adonnent corps et âme toutes les familles Snoussi. Repas frugal, berkoukès, msamen, gâteaux traditionnels et fruits secs caractérisent ce rituel. On dîne en famille et après la prière d'el icha, la famille se rassemble autour de la «maiydouna», un vaste contenant en alfa, où sont mis tous les fruits secs en plus des dattes et des bonbons en tous genres. Chaque adulte et chaque enfant a droit à une part égale contenue dans une musette en tissu que les mères confectionnent à l'occasion pour leurs enfants. tard le soir, on sort en groupe pour écouter des musiques du terroir que des troupes entonnent un peu partout dans les localités éparses de cette immense vallée. Et le lendemain, on se prépare activement pour le carnaval d'Ayred, qui signifie lion. Adultes et enfants avec leurs masques en toison de mouton, en peau de chèvre ou crinières de chevaux, donnent libre cours à leur joie au rythme des tambourins et bendirs exécutés avec brio par de nombreuses troupes folkloriques de la région. Les groupes de femmes donnent la réplique avec les chants du terroir, plus connus sous le nom «Essaf». A Béni-Snouss, le rite de Yennayer est féerique. Il est célébré chaque année avec une symbolique émouvante. Chaque geste est exécuté selon un rituel ancestral afin d'écarter, selon la légende populaire, «la famine, augurer l'avenir, consacrer le changement et accueillir chaleureusement les forces invisibles».